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Notre regard

Sahara occidental | Les réfugiés oubliés

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Sahara Occidental

  • Statut : « Territoire non-autonome » selon les Nations Unies, revendiqué par le Maroc et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).
  • Surface : 266’000 km2, dont environ 80% contrôlés par le Maroc et 20% par la RASD.
  • Population : 531’000 habitants, auxquels il faut ajouter 165’000 réfugiés sahraouis vivant dans les camps près de Tindouf en Algérie.
  • Langues parlées : Arabe, hassania, espagnol, français.

 

 

Contexte historique

Le Sahara Occidental est un territoire situé sur la côte Nord-Ouest de l’Afrique entre le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie. Colonie espagnole depuis la Conférence de Berlin en 1885, il sera ensuite occupé par le Maroc en 1975 lors de la sanglante « Marche Verte » organisée par Hassan II. Le Front populaire pour la libération du Saguia El Hamra et du Rio de Oro (Front Polisario) est créé en 1973, pour lutter contre l’occupant espagnol, puis marocain. En 1976, la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) est proclamée. Entre 1980 et 1987, le Maroc construit un mur de pierre et de sable long de 2700 km et entouré de mines antipersonnel. Il sépare aujourd’hui encore les territoires riches en ressources naturelles contrôlés par le royaume chérifien et les territoires presque entièrement désertiques administrés par le Front Polisario. En 1991, les deux parties acceptent un cessez-le-feu et la tenue d’un référendum devant permettre à la population de se prononcer sur l’indépendance du Sahara Occidental. 25 ans plus tard, le référendum n’a toujours pas eu lieu, en raison notamment de divergences importantes sur les critères de
définition des électeurs.

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Un jeune réfugié sahraoui répare les dégâts causés à sa maison par les inondations d’octobre 2015 dans la région de Tindouf. Photo: Benjamin Visinand

Les camps de Tindouf – 40 ans d’exil

En 1975, une grande partie de la population sahraouie doit quitter ses terres face aux atrocités commises lors de la « Marche Verte » de Hassan II, qui n’hésite pas à bombarder les civils au napalm. Les survivants fuient à des centaines de kilomètres à l’est, dans le désert algérien aux alentours de Tindouf. C’est là que vivent 165’000 réfugiés sahraouis depuis quatre décennies, répartis dans des camps (ou « wilayas ») qui portent les noms de leurs villes occupées: El Ayoun, Aoussert, Smara, Boujdour et Dakhla. Les plus jeunes habitants des camps sont des réfugiés de la troisième génération qui n’ont jamais connu leurs terres.

Des conditions extrêmes

Les réfugiés vivent loin de tout, dans un désert hostile aux températures extrêmes, sans végétation et presque sans électricité. Malgré de grands efforts d’autosuffisance, ils sont presque entièrement dépendants de l’aide humanitaire et souffrent de manques et de maladies. Ils logent dans des tentes (les «jaimas ») et des petites maisons de terre très fragiles. En octobre 2015, des pluies torrentielles se sont abattues sur la région de Tindouf, détruisant des dizaines de milliers de bâtiments (maisons, écoles, centres, magasins) et rendant le quotidien des habitants encore plus précaire.

Une société organisée

Malgré les difficultés liées à l’environnement et la dépendance à l’aide humanitaire, la société sahraouie s’est toujours organisée de manière autonome. Dès 1975, les réfugiés se sont dotés de structures politiques, ont créé des écoles, des dispensaires, des hôpitaux, des ateliers et des jardins potagers. Aujourd’hui encore, les camps sont situés sur territoire algérien, mais se développent à l’écart de la société d’accueil, avec leur propre gouvernement, président, ministères et services administratifs.
La distribution de l’aide humanitaire et la gestion des transports, de la santé publique ou encore de l’éducation est l’œuvre des Sahraouis eux-mêmes. Un refus de l’ingérence qui permet à ce « peuple sans territoire » de préserver ses particularités et son identité dans l’attente d’une résolution du conflit.

AMANDA IOSET

Amanda Ioset s’est rendue au Sahara occidental du 19 au 29 décembre 2015, en compagnie de deux photographes, Benjamin Visinand et Guillaume Bégert. Une exposition de photos des camps de réfugiés sahraouis s’est tenue en mars à Genève. Elle est visible jusqu’au 9 avril à la Galerie YD à Neuchâtel et du 22 juin au 2 juillet au forum de l’Hôtel de Ville à Lausanne.

Pour en savoir plus :
– Revue Nouvelles sahraouies : http://www.arso.org/nouvellessahraouies/
– Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental : http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/minurso/
– Liens et autres ressources disponibles sur asile.ch