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Arrivées à Lampedusa | Solidarité et résistance face à la crise de l’accueil en Europe

Déclaration conjointe. Suite à l’arrivée d’un nombre record de personnes migrantes sur l’île de Lampedusa, la société civile exprime sa profonde inquiétude face à la réponse sécuritaire des Etats européens, la crise de l’accueil et réaffirme sa solidarité avec les personnes qui arrivent en Europe. Une déclaration conjointe signée par plus de 80 organisations de la société civile, dont Vivre Ensemble (asile.ch), a été publiée le 18 septembre 2023.

Lampedusa, photo prise devant le hotspot, 14 septembre 2023. © Felici Rosa, 2023 Maldusa

Déclaration conjointe

Arrivées à Lampedusa. Solidarité et résistance face à la crise de l’accueil en Europe

Plus de 5 000 personnes et 112 bateaux : c’est le nombre d’arrivées enregistrées sur l’île  italienne de Lampedusa le mardi 12 septembre. Les embarcations, dont la plupart sont  arrivées de manière autonome, sont parties de Tunisie ou de Libye. Au total, plus de 118 500  personnes ont atteint les côtes italiennes depuis le début de l’année, soit près du double des  64 529 enregistrées à la même période en 2022[1]Reuters, « Italy’s Lampedusa island hit with record migrant arrivals », 12 septembre 2023. L’accumulation des chiffres ne nous fait pas  oublier que, derrière chaque numéro, il y a un être humain, une histoire individuelle et que des  personnes perdent encore la vie en essayant de rejoindre l’Europe. 

Si Lampedusa est depuis longtemps une destination pour les bateaux de centaines de  personnes cherchant refuge en Europe, les infrastructures d’accueil de l’île font défaut. Mardi,  le sauvetage chaotique d’un bateau a causé la mort d’un bébé de 5 mois. Celui-ci est tombé à  l’eau et s’est immédiatement noyé, alors que des dizaines de bateaux continuaient d’accoster  dans le port commercial. Pendant plusieurs heures, des centaines de personnes sont restées  bloquées sur la jetée, sans eau ni nourriture, avant d’être transférées vers le hotspot de  Lampedusa. 

Le hotspot, centre de triage où les personnes nouvellement arrivées sont tenues à l’écart de  la population locale et pré-identifiées avant d’être transférées sur le continent, avec ses 389  places, n’a absolument pas la capacité d’accueillir dignement les personnes qui arrivent  quotidiennement sur l’île. Depuis mardi, le personnel du centre est complètement débordé par  la présence de 6 000 personnes. La Croix-Rouge et le personnel d’autres organisations ont  été empêchés d’entrer dans le centre pour des « raisons de sécurité ». 

Jeudi matin, de nombreuses personnes ont commencé à s’échapper du hotspot en sautant les  clôtures en raison des conditions inhumaines dans lesquelles elles y étaient détenues. Face à  l’incapacité des autorités italiennes à offrir un accueil digne, la solidarité locale a pris le relais.  De nombreux habitants et habitantes se sont mobilisés pour organiser des distributions de  nourriture aux personnes réfugiées dans la ville[2]Maldusa, “Lampedusa’s Hotspot System: From Failure to Nonexistence”, 14 septembre 2023

Différentes organisations dénoncent également la crise politique qui sévit en Tunisie et  l’urgence humanitaire dans la ville de Sfax, d’où partent la plupart des bateaux pour l’Italie.  Actuellement, environ 500 personnes dorment sur la place Beb Jebli et n’ont pratiquement  aucun accès à la nourriture ou à une assistance médicale[3]Déclaration « Urgence humanitaire au Gouvernorat de Sfax : la société civile tire la sonnette d’alarme face à une  situation inacceptable”, 14 septembre 2023. La plupart d’entre elles ont été contraintes de fuir le Soudan, l’Éthiopie, la Somalie, le Tchad, l’Érythrée ou le Niger. Depuis  les déclarations racistes du président tunisien, Kais Saied, de nombreuses personnes  migrantes ont été expulsées de leur domicile et ont perdu leur travail[4]Migration-control.info-project, « Mass deportations and EU externalisation in Tunisia: Press Review and Critics« ,  2 août 2023 . D’autres ont été  déportées dans le désert où certaines sont mortes de soif. 

Alors que ces déportations massives se poursuivent et que la situation à Sfax continue de se  détériorer, l’UE a conclu un nouvel accord avec le gouvernement tunisien il y a trois mois afin  de coopérer « plus efficacement en matière de migration », de gestion des frontières et de « lutte  contre la contrebande », au moyen d’une enveloppe de plus de 100 millions d’euros. L’UE a  accepté ce nouvel accord en pleine connaissance des atrocités commises par le gouvernement tunisien ainsi que les attaques perpétrées par les garde-côtes tunisiens sur les  bateaux de migrants[5]Alarm Phone, « Politiques meurtrières en Méditerranée : pour que cessent ces naufrages consciemment  provoqués au large de la Tunisie”, 19 décembre 2022

Pendant ce temps, nous observons avec inquiétude comment les différents gouvernements  européens ferment leurs frontières et continuent de violer le droit d’asile et les droits humains  les plus fondamentaux. Alors que le ministre français de l’Intérieur a annoncé son intention de  renforcer les contrôles à la frontière italienne, plusieurs autres États membres de l’UE ont  également déclaré qu’ils fermeraient leurs portes. En août, les autorités allemandes ont décidé  d’arrêter les processus de relocalisation des demandeurs et demandeuses d’asile arrivant en  Allemagne depuis l’Italie dans le cadre du « mécanisme de solidarité volontaire »[6]La Repubblica,  » Migranti, da Berlino stop ad accoglienza dei richiedenti asilo dall’Italia« , 12 septembre 2023

Invitée à Lampedusa dimanche par la première ministre Meloni, la Présidente de la  Commission européenne Von der Leyen a annoncé la mise en place d’un plan d’action en 10  points qui vient confirmer cette réponse ultra-sécuritaire7[7]Commission européenne, “Press statement by President von der Leyen with Italian Prime Minister Meloni in  Lampedusa”, 17 septembre 2023. Renforcer les contrôles en mer au  détriment de l’obligation de sauvetage, augmenter la cadence des expulsions et accroître le  processus d’externalisation des frontières… autant de vieilles recettes que l’Union européenne  met en place depuis des dizaines années et qui ont prouvé leur échec, ne faisant qu’aggraver  la crise de la solidarité et la situation des personnes migrantes. 

Les organisations soussignées appellent à une Europe ouverte et accueillante et exhortent les  États membres de l’UE à fournir des voies d’accès sûres et légales ainsi que des conditions  d’accueil dignes. Nous demandons que des mesures urgentes soient prises à Lampedusa et  que les lois internationales qui protègent le droit d’asile soient respectées. Nous sommes  dévastés par les décès continus en mer causés par les politiques frontalières de l’UE et  réaffirmons notre solidarité avec les personnes en mouvement ! 

Liste des signataires

  • Afrique-Europe-Interact 
  • Alarme Phone Sahara (APS) 
  • Alarme Phone Sahara – Mali 
  • Alternative Espaces Citoyen – Niger 
  • Anafé (association nationale d’assistance aux frontières pour les personnes étrangères)
  • Another Europe is Possible 
  • ARCOM – association des réfugiés et communautés migrantes au Maroc Are You Syrious? 
  • Associazione studi giuridici sull’immigrazione (ASGI) 
  • Association AFRIQUE INTELLIGENCE 
  • Association Beity 
  • Association d’aide des Migrants en Situation Vulnérable (AMSV) Oujda / Maroc
  • Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie (AESAT) 
  • Association Féministe Tanit 
  • Association Lina Ben Mhenni 
  • Association de solidarité avec les travailleurS/euses immigré.es (ASTI) des Ulis / France
  • Association pour la promotion du droit à la différence (ADD) 
  • Association pour les Migrants-AMI, Nîmes, France 
  • Association Sentiers-Massarib 
  • Association Tunisienne de défense des libertés individuelles (ADLI) 
  • Association Tunisienne pour les droits et les libertés (ADL) 
  • Aswat Nissa 
  • Avocats Sans Frontières (ASF) 
  • Association Damj 
  • BELREFUGEES, Plateforme Citoyenne / Belgium 
  • borderline-europe- Menschenrechte ohne Grenzen 
  • Boza Fii – Sénégal 
  • CCFD-Terre Solidaire 
  • CGTM Mauritanie 
  • Chkoun Collective 
  • Coalition des Associations Humanitaires de Médenine 
  • Collectif Droit de Rester, Lausanne 
  • Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique 
  • Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie (CRLDHT) 
  • Connexion 
  • Damj l’association tunisienne de la justice et légalité 
  • DZ Fraternité 
  • Emmaüs Europe 
  • European Alternatives 
  • Fédération des tunIsiens citoyens des deux rives (FTCR) 
  • Groupe de Recherche et d’Actions sur les Migrations (GRAM), Bamako / Mali
  • Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (Gisti) 
  • iuventa-crew 
  • Jeunesse Nigérienne au service du Développement Durable (JNSDD) – Agadez / Niger
  • Komitee für Grundrechte und Demokratie e.V. 
  • La Cimade 
  • La coalition tunisienne contre la peine de la mort 
  • LasciateCIEntrare 
  • Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH)
  • Ligue des droits de l’Homme (LDH) – France 
  • Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) 
  • Maldusa 
  • medico international 
  • Mem.med:mémoire Méditerranée 
  • Migrants’ Rights Network 
  • migration-control.info project 
  • Migreurop 
  • MV Louise Michel 
  • Paris d’Exil 
  • Pro-Asyl 
  • Push-Back Alarm Austria 
  • r42-SailAndRescue
  • Refugees in Libya 
  • Refugees in Tunisia 
  • ResQ – People Saving People 
  • RESQSHIP 
  • Salvamento Marítimo Humanitario (SMH) 
  • Sea-Watch 
  • Seebrücke – Schafft sichere Häfen 
  • Solidarité sans frontières (Sosf) 
  • SOS Balkanroute 
  • SOS Humanity 
  • Statewatch 
  • Tunisian Forum for Social and Economic Rights (FTDES) 
  • Union des travailleurs immigrés tunisiens (UTIT)
  • United4Rescue
  • Vivre Ensemble | asile.ch
  • Watch the Med Alarm Phone 
  • Welcome to Europe network Zusammenland gUG/ MARE*GO