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Notre regard

Editorial | 600’000 amis pour les réfugiés?

Ceux qui défendent le droit d’asile sont restés minoritaires: nous nous y attendions. Mais tout de même: 602’668 « non » au démantèlement du droit d’asile, ce n’est pas rien! En comparaison du vote du 4 décembre 1994 sur les mesures de contrainte, qui ne donnait que 27,1% de « non », nous sommes même en progression. Compte tenu du travail de sape développé par l’Union démocratique du centre (UDC) de Christoph Blocher, et de la désinformation de l’Office fédéral des réfugiés (ODR) et des porte-parole du « oui » (dramatisation de « l’afflux », explications trompeuses, statistiques faussées, etc.), cette affirmation d’une minorité critique est loin d’être négligeable.

Lancer le double référendum était un pari sur notre capacité à mener campagne pour dénoncer une législation qui a failli entrer en vigueur dans l’indifférence générale. Il est aujourd’hui largement gagné. Jamais le mouvement de défense du droit d’asile n’avait jusqu’ici conduit une campagne aussi dense. Un travail d’individu à individu, des dizaines (des centaines?) de manifestations et des centaines de milliers de tracts et de journaux de votation ont permis de sensibiliser une large partie de la population. De nombreuses graines ont été plantées, et ce travail portera ses fruits dans le futur. Fait encourageant, de nombreux nouveaux militants et sympathisants se sont manifestés dans ce combat pour le droit d’asile.

Malgré la difficulté de discuter d’une législation aussi complexe, de nombreux problèmes restés dans l’ombre au stade des débats parlementaires ont été mis en exergue. Les Eglises et les oeuvres d’entraide membres de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), d’abord hésitantes ont fini par prendre conscience de la gravité de ces atteintes au droit d’asile et à rejoindre le mouvement de défense sur la consigne du double « non » face à la politique officielle. Obligés de s’expliquer dans le débat public, les partisans de la loi eux-mêmes ont fini par donner des assurances pour une application modérée de ses clauses les plus critiques. Ils se verront désormais rappeler leurs promesses par une large coalition.

Pour toutes ces raisons, nous sortons renforcés de cette campagne, et c’est tant mieux: des échéances difficiles nous attendent et les réfugiés auront demain toujours plus besoin de notre solidarité. Au niveau national, des discussions sont en cours pour créer une seule grande structure entre la Coordination Asile Suisse, le Mouvement pour une suisse démocratique et solidaire (MODS) et l’ex-comité référendaire Asile.ch. Dans certaines régions où de nouveaux comités sont apparus, alors qu’il n’y en avait plus, ceux-ci poursuivront sans doute leur activité. Les 4000 militants de la campagne référendaire seront informés, à l’automne, des diverses possibilités de prolonger leur engagement. Vivre Ensemble sera bien sûr de la partie pour maintenir en éveil les 600’000 amis des réfugiés qui se sont manifestés le 13 juin.

Vivre Ensemble