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Notre regard

Editorial | Forteresse Europe: des brèches?

Des voix se sont élevées au niveau de la communauté internationale pour défendre le droit d’asile. Tour à tour, Kofi Annan, Secrétaire général de l’ONU, Ruud Lubbers, Haut-commissaire aux réfugiés et Mary Robinson, Haut-commissaire aux droits de l’homme, ont fait part de leurs inquiétudes concernant l’application des Conventions de Genève dans les pays européens. Le HCR à l’occasion de son cinquantenaire a publié un ouvrage Les réfugiés dans le monde et a consacré quelques pages pour faire part de cette inquiétude. Malgré la prudence avec laquelle le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) s’exprime – son budget dépend en grande partie des dons des pays occidentaux, notamment européens -, apparaît bien la menace qui pèse sur le droit d’asile. Le HCR dénombre quatre types de politiques particulières destinées à freiner les demandes d’asile, dont la moindre n’est pas une interprétation restrictive des principes auxquels l’Europe se déclare officiellement attachée, principes qu’elle bafoue dans la pratique.

Dans ce contexte, ce sont bel et bien les initiatives militantes, les actions menées sur le terrain, les prises de position des associations qui permettent de redresser la barre et de rappeler aux politiques les exigences du droit d’asile. A Neuchâtel, relayée par les autorités politiques cantonales, cette mobilisation a permis l’intégration de jeunes Erythréens arrivés sans famille au moment de la guerre d’indépendance. Toujours à Neuchâtel, des étudiants viennent de créer une association destinée à jeter des ponts entre les cultures, InterNos. Dans le Canton de Vaud, le mouvement En quatre ans, on prend racine vient d’empêcher le renvoi d’une Kosovare et la remarquable mobilisation autour du Centre d’enregistrement (CERA) de Vallorbe permet d’adoucir quelque peu les conditions d’accueil des requérants qui laissent encore à désirer. Enfin, tout un mouvement s’est mis en place pour bloquer les renvois de survivants de Srebrenica. Soutenue par Solidarité sans frontières, la Coordination asile Genève, SOS Asile Vaud et le Comité Asile.ch.Ne, l’Association des survivant-e-s de la Drina/Srebrenica vient de lancer une pétition au Conseil fédéral, pétition que vous trouverez encartée dans ce numéro. A Genève, le Grand Conseil a voté à l’unanimité, le 23 mars, une motion demandant des admissions provisoires pour les rescapés de Srebrenica, et deux interventions ont été déposées au Conseil national. La mobilisation de toutes et tous, à laquelle participent Vivre Ensemble et ses lectrices et lecteurs, est essentielle pour percer des brèches dans le mur de la forteresse Europe.