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Notre regard

Travail | Réseau Emploi du Centre de la Roseraie: Une aide à l’insertion

A Genève, le Réseau Emploi du Centre d’accueil et de formation de la Roseraie (voir Vivre Ensemble, n°88, juin 2002, p. 4) ouvert aux migrants en possession de tous types de permis, fonctionne depuis bientôt une année et demie. Pour faire le bilan de cette nouvelle structure qui a permis à de nombreux requérants d’asile de sortir de l’assistance et de retrouver leur dignité, nous publions ici un texte rédigé par le Coordinateur du Réseau Emploi, qui en a été la cheville ouvrière, au moment où celui-ci quitte ce poste pour d’autres horizons. (Réd.)

Un des premiers objectifs du Réseau Emploi consiste à déterminer si le candidat est prêt à la prise d’un emploi, et si tel n’est pas le cas d’en déterminer les raisons: niveau de français très bas voire inexistant, problèmes psychologiques, pressions de l’assistant social, difficulté à s’intégrer, etc. Sur les personnes reçues par le Réseau emploi, presque un tiers n’a pas été apte à prendre un emploi (147 personnes sur 483). Si un candidat est prêt, il est important de bien le cerner, de voir s’il est bien motivé, et finalement d’arriver à choisir la bonne personne pour le travail proposé.

Une des particularités du Réseau Emploi est de prendre contact avec les employeurs pour trouver des places de travail, et surtout, d’effectuer ensuite le suivi sur le lieu de la prise d’emploi. L’ouverture du Réseau Emploi a suscité un grand espoir auprès des personnes migrantes, ainsi en quinze mois, 483 personnes candidates au travail sont passées par le Réseau Emploi.

Chiffres éloquents

171 places de travail ont été trouvées, et 165 personnes ont été placées, dont un tiers de femmes et deux tiers d’hommes. 78% d’entre elles étaient des requérants d’asile ou des admis provisoires (permis N et F). 25,45% de personnes ont été placées dans l’hôtellerie, 30,30% dans la restauration, 6,67% dans la vente, 7,88% dans le nettoyage, 4,85% dans les soins de santé. 7,88% dans l’administration, 3,64% dans la construction et 13,33% dans diverses activités (ouvriers de production, dancing, carrosserie, électricité, personnel de maison et boulangerie).

Convaincre les employeurs

Une des principales difficultés rencontrées par le Réseau Emploi est de faire comprendre aux employeurs que les requérants d’asile et les personnes en possession d’une admission provisoire ont le droit de travailler après trois ou six mois de séjour, et qu’il en est de même dans certains cas pour les personnes déboutées de la procédure d’asile qui ne possèdent qu’une attestation de délai de départ (dix personnes dans cette situation ont pu être placées). Globalement, les employeurs sont satisfaits des services du Réseau Emploi, non seulement à cause de sa gratuité, mais surtout en raison de la qualité des candidats que le Réseau Emploi leur propose. Ils mentionnent aussi la rapidité avec laquelle leurs demandes en personnel sont traitées, et le bon suivi des personnes placées qui est assuré par le Réseau. Pour nous, il importe surtout d’humaniser la relation avec l’employeur et de créer des liens: passer dire bonjour, prendre le temps de discuter, recenser les besoins, etc.

Les requérants d’asile, les admis provisoires et les bénéficiaires d’autres permis qui ont été placés sont heureux et fiers d’avoir pu quitter l’assistance. Ces personnes sont reconnaissantes et repassent souvent nous rendre visite et nous remercier. Elles sont bien appréciées par leurs patrons, car elles font preuve d’une grande motivation et d’une conscience professionnelle irréprochable. Nous avons même reçu beaucoup de jeunes de l’Afrique de l’Ouest connus dans le milieu de la drogue, qui sont venus au Réseau Emploi pour trouver du travail, avec comme motivation la possibilité de gagner honnêtement de l’argent et de sortir de ce milieu.

Rendre les gens autonomes

Une autre difficulté rencontrée par le Réseau Emploi est d’obtenir des autorisations de travail de la part de l’Office cantonal de la population (OCP), pour les requérants déboutés en possession d’un délai et pour les permis N qui ne collaborent pas. Pourtant, l’octroi d’autorisations de travail pourrait éviter que des requérants ne se lancent dans le travail au noir, et surtout favoriser leur autonomie et la prise en main de leurs propres moyens d’existence.