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Notre regard

Editorial | De Ruth Metzler à Christoph Blocher

La fin de l’année 2003 nous a valu une indigestion de politique politicienne et de désinformation médiatique jusqu’à l’écœurement. Au final, ce n’est pas tant l’arrivée au gouvernement de l’ogre milliardaire zurichois qui a étonné, mais plutôt les ahurissantes analyses dont on nous a gratifié.

A peine croyable, en effet, à quel point on a voulu nous faire croire à l’image d’une politique ouverte et sociale menée par les ministres du Parti démocrate chrétien (PDC): a-t-on oublié les multiples démantèlements du droit d’asile et les multiples propositions extrémistes dont nous a abreuvés la Conseillère fédérale évincée, comme l’avait fait son prédécesseur Arnold Koller ?

Camps d’hébergement, armée à la frontière, zones exemptes de persécution dans les pays producteurs de réfugiés, sans compter ce qui a été effectivement mis en place par ces mêmes responsables politiques: système des pays sûrs, baisse du niveau de l’aide sociale, mesures de contraintes, accroissement des dispositions justifiant la non-entrée en matière, et tout récemment la suppression de toute aide sociale pour les personnes frappées de telles décisions ou l’exclusion de la procédure d’asile des personnes ayant transité par un pays tiers «sûr». Oui, toutes ces idées ont été brandies par l’Union démocratique du centre (UDC) et son chef comme autant de solutions miracles; oui, elles ont toutes été concrétisées par la majorité bourgeoise…

Vu depuis notre petite fenêtre de l’asile, l’éviction de Ruth Metzler par Christoph Blocher n’a finalement été que l’illustration parfaite de l’impasse à laquelle a mené la politique officielle, qui consiste à copier les recettes de l’UDC en les assouplissant à peine: on préfère toujours l’original à la copie. Après tout, Ruth Metzler ne disait-elle pas elle-même, au soir des résultats du vote sur la dernière initiative anti-asile de l’UDC, que ce parti posait les bonnes questions, mais donnait de mauvaises réponses ?

Dans toute cette pénible période, on n’a pas parlé des droits, et ceci quel que soit le bord politique. C’est qu’entre logique purement gestionnaire et focalisation sur les «abus» prétendument généralisés, les droits des individus ne semblent plus être à l’ordre du jour. Nous pouvons toutes et tous craindre les temps à venir, et particulièrement les personnes qui ont besoin de protection. Pour contrecarrer cette évolution, il est plus que jamais nécessaire d’opposer tout d’abord aux manipulations et aux mensonges le tenace témoignage de la réalité que vivent les réfugiés chez nous. N’ayez crainte, Vivre Ensemble s’attèle à cette tâche avec une conviction renforcée !