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Notre regard

Editorial | Signes des temps

Le peuple devra se prononcer ce 26 septembre sur les naturalisations facilitées. Selon toute vraisemblance, l’objet n’aura aucune peine à passer la rampe. Du moins, c’est l’avis que soutient le président de l’Union syndicale suisse, Paul Rechsteiner qui qualifie déjà de modeste, l’enjeu de ce scrutin. Pour le syndicaliste, ce n’est pas un thème qui fâche. Cela pourrait simplement s’appeler enfoncer une porte ouverte.

Les chiffres publiés cet été par l’Office fédérale de la statistique sont assez révélateurs: 28% des Suisses d’aujourd’hui étaient les étrangers d’hier. Inscrire à l’ordre du jour, le point sur la naturalisation alors que la politique de l’immigration a du plomb dans l’aile, est un joli alibi pour faire diversion. Que ce vote intervienne au moment où sous la coupole, d’importantes mesures sont prises par rapport à la loi sur l’asile, voilà une coïncidence qui arrange bien les choses!

De l’avis de certains observateurs, le bilan à mi-parcours de la législature 2004 du Parlement fédéral reste l’un des plus controversés des cinq dernières années. Le consensus n’avait jamais autant souffert. Ne s’agit-il pas maintenant de resserrer les rangs en passant par quelques sacrifices? La stratégie a déjà fait ses preuves. Elle est bien efficace. Le deal passé au printemps dernier entre le canton de Vaud et l’administration fédérale sur les 1’280 dossiers de requérants d’asile en est une parfaite illustration. Au lendemain de l’annonce des 582 admissions provisoires, Jean-Claude Mermoud, chef provisoire du Département des institutions et des relations extérieures n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour parler de la fin de l’exception vaudoise. Le Conseiller d’Etat a martelé que les contrôles policiers seront renforcés et l’usage des mesures de contrainte inévitable.

Les acteurs politiques et économiques de ce pays sont-ils déterminés à en découdre avec l’immigration, devenue un goulot d’étranglement pour plus d’un ? Aussi bien au Parlement fédéral qu’au sein des Etats. Voir syndicats et patronat, deux ennemis jurés assis côte à côte en tirant sur la même corde, est un signal fort qui ne trompe pas. Ce mariage de raison, comme le soutiennent les principaux concernés, peut conduire vers une dérive dangereuse.

Certes les deux protagonistes présentent des arguments différents sur le sujet, mais la finalité reste la même: le renouvellement des ressources humaines profitables à l’avenir du pays. Et si le «oui» l’emportait vraiment cet automne, au lieu d’une liesse populaire en pareille circonstance, il faudra plutôt rester particulièrement attentif aux conclusions des débats aux Chambres concernant la loi sur l’asile et la loi sur les étrangers.

Manuel L. Hiol