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Notre regard

Neuchâtel | Echanges interculturels et aide à l’intégration: Un nouveau centre pour les femmes

Au printemps 2003 s’est ouvert à La Chaux-de-Fonds, un centre de rencontres pour femmes réfugiées et immigrées. Ce centre est géré par l’association HAUT RECIF*, créée la même année par un groupe de femmes étrangères et suisses, réunissant des bénévoles et quelques professionnelles du haut du canton de Neuchâtel.

En quelques mois, ce centre situé au rez-de-chaussée d’une ancienne usine, dans des locaux particulièrement spacieux et accueillants, est devenu un lieu d’échanges où se rendent régulièrement une centaine de femmes, de vingt nationalités. Certaines ont un permis stable pour séjourner en Suisse, exercent un emploi et souhaitent parfaire leur français, d’autres sont aux prises avec tous les degrés de la précarité.

Depuis 1994 une association sœur RECIF existe dans le bas du canton. Elle accueillait volontiers des femmes migrantes habitant les montagnes neuchâteloises, mais ne pouvait répondre qu’à un nombre limité de demandes. En 2000, ce sont les autorités elles-mêmes qui se sont interrogées sur les besoins d’une telle structure pour le haut du canton, et c’est ainsi que des subsides ont été accordés, permettant à l’association HAUT RECIF de prendre son envol et de concrétiser plusieurs projets dans le haut du canton.

Activités multiples

Le centre est ouvert du lundi au jeudi et trois soirs par semaine pour des cours de français. Le mercredi après-midi est consacré à une permanence. C’est l’occasion pour les femmes de venir spontanément exprimer une demande ou un besoin particulier. Elles peuvent recevoir informations et conseils, être aidées pour régler des questions administratives, rédiger une lettre ou un curriculum vitae ou simplement être écoutées. Le jeudi après-midi est réservé à des moments de rencontres informelles entre les femmes migrantes.

En complément aux cours de français et d’alphabétisation, but prioritaire de l’association, sont organisés à rythme hebdomadaire ou bi-mensuel un atelier d’informatique, un autre de cuisine (ce sont les migrantes elles-mêmes qui apportent et font découvrir les recettes culinaires de leurs pays), ainsi qu’un cours de gymnastique.

Création d’une garderie

Une autre priorité de HAUT RECIF est d’offrir aux mères la possibilité de se libérer durant quelques heures de la garde de leurs enfants pour pouvoir suivre un cours ou partager tranquillement une activité avec d’autres femmes. L’idée n’est cependant pas d’organiser un simple gardiennage, mais d’apporter un plus pour le développement de ces jeunes enfants, la plupart en bas âge, et à favoriser leur intégration dans notre culture.

C’est ainsi qu’une jardinière d’enfants diplômée a été engagée: elle est secondée par des bénévoles, souvent personnes ressources de part leur propre formation professionnelle.

Séparation progressive

Toutes les deux semaines, une personne de l’association PIP (prévention de l’illettrisme dans le cadre du préscolaire, en relation avec l’association Lire et Ecrire) participe aux activités de la garderie et anime un moment privilégié de lecture. L’objectif est de sensibiliser les enfants à l’importance du livre et de la culture écrite. Ces moments passés à la garderie sont aussi une aide dans le processus de séparation mère-enfant. Pour beaucoup de femmes migrantes, l’adaptation à notre culture implique un grand bouleversement dans le vécu de leurs relations affectives avec leurs enfants, en raison de règles de société très différentes. Le modèle de fonctionnement choisi par HAUT RECIF permet de passer par des étapes progressives, la mère étant présente dans la maison, mais ne pouvant intervenir dans le local réservé à la garderie. De son côté l’enfant doit aussi apprendre à intégrer des consignes, avant tout celle ne pas venir déranger sa mère. Le fait de maintenir un lieu géographique commun préserve cependant la proximité du lien et n’impose pas une coupure brutale.

Projets pour 2005

Entre l’association de la ville de Neuchâtel et celle de La Chaux-de-Fonds, il existe évidemment des échanges, en particulier un travail commun pour des recherches de fonds. Par contre, ces deux associations sont totalement indépendantes dans leur fonctionnement, désireuses de garder leur liberté quant à l’orientation des activités à développer.

RECIF de Neuchâtel s’est entre autre investie dans des cours d’aide à l’intégration dans le travail. Pour sa part, HAUT RECIF a le projet de s’engager sur les problèmes de la santé, dans une perspective de prévention, notamment dans le domaine de l’alimentation. Il est prévu dès le début de l’année prochaine de faire venir des intervenantes, d’organiser des séances d’information avec des traductrices suivies d’ateliers de discussions, afin de développer la sensibilité des femmes sur ces questions et de développer un espace de parole. Dans ce sens, le souhait est d’établir des liens avec les cours de français, d’y reprendre les notions pour favoriser l’apprentissage du vocabulaire et aider les femmes à mieux s’exprimer autour de ces questions.

Danielle Othenin-Girard

* Centre de rencontres et d’échanges interculturels pour femmes, rue du Doubs 32, 2300 La Chaux-de-Fonds. Tél: 032/968 62 42; e-mail: hautrecif@bluewin.ch