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Notre regard

Editorial | Vivre Ensemble: Numéro 100

Avec ce numéro 100, au rythme de cinq numéros par an avec quelques numéros spéciaux, Vivre Ensemble est entré dans sa vingtième année de parution. C’est en effet en octobre 1985, en pleine mobilisation contre les renvois, que ce périodique est né.

En pleine mobilisation contre les renvois? Il y a dix-neuf ans? Etrange ressemblance avec l’actualité vaudoise de cet automne 2004. Mais ce n’est pas la seule. Lisez les quelques pages de ce numéro 1 que nous reproduisons en fac-similé dans ce numéro spécial. Il y est question de courants politiques surfant sur la xénophobie, de régularisation collective et de la deuxième révision de la loi sur l’asile.

1985, c’était encore l’époque de la machine à écrire, des titres en caractères «letraset» et d’une mise en page laborieuse à coup de découpage-collage. La présentation de notre publication a certes évolué sur la forme, mais sur le fond il faut bien le dire, rien n’a changé, si ce n’est pour le pire.

Pour les militants de la première heure, 1985 avait commencé par les Assises européennes sur le droit d’asile tenues à Lausanne du 15 au 17 février, et les Eglises publiaient au printemps de la même année un mémorandum critique à l’égard de la politique officielle. Mais la mobilisation pour le droit d’asile viendra surtout d’un changement majeur pour les requérants d’asile. Après l’entrée en vigueur, en juillet 1984, des dispositions de la première révision de la loi sur l’asile, limitant considérablement les voies de recours, de nombreuses décisions de renvoi devenaient exécutoires au cours de l’année 1985, posant avec acuité la question d’une «solution globale» pour les plus anciens.

C’est dans ce contexte que Vivre Ensemble est né pour soutenir le mouvement de solidarité en cours de formation à travers de multiples groupes locaux, pour faire circuler une information critique et soutenir les initiatives qui se développaient dans tout le pays.

Cent numéros plus tard, la collection de Vivre Ensemble offre l’illustration d’une politique officielle répétant jusqu’à l’absurde, de révision de loi en révision de loi, qu’il faut durcir le droit d’asile pour mieux accueillir les «vrais» réfugiés. Mais de numéro en numéro, Vivre Ensemble reflète aussi la volonté de ceux qui se veulent «aux côtés des réfugiés»: refuser le nivellement des esprits et rester présents dans le débat public.

Ce combat dure depuis bientôt vingt ans, et ceux qui créèrent ce journal n’imaginaient pas que celui-ci parviendrait un jour au numéro 100. C’est grâce au soutien de nos lecteurs, qui assurent notre financement année après année par leurs dons occasionnels et leurs versements réguliers, que nous avons tenu bon face au climat de plus en plus hostile aux réfugiés et que nous sommes restés un élément clé du mouvement de défense du droit d’asile. Merci donc à vous qui nous lisez d’avoir permis cette aventure et de nous permettre de la poursuivre.

Vivre Ensemble