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Notre regard

Mouvement | Vingt ans de lutte! Un engagement toujours nécessaire

L’automne 1985 a vu la création des premiers mouvements de soutien pour s’opposer aux renvois de requérants déboutés. Depuis lors, de nouveaux groupements ont vu le jour. En hommage à tous ceux qui sont sur la brèche, nous reprenons ci-dessous un article publié dans le bulletin de SOS Asile Vaud en avril dernier. (réd.)

Je suis tombée dans la marmite sans m’en rendre compte. L’innocence, quoi ! Une visite de curiosité à St Paul, des gens passent, une dame monte des escaliers avec une tarte aux pommes, une assemblée générale au sous-sol, organisée, mais sans lourdeur, des gens de tous bords et de tous âges, et il s’y trouve une amie qui me dit qu’on doit ouvrir un refuge à Yverdon. Il se tient une assemblée chaque semaine. Une personne s’annonce pour la présider, une autre pour prendre le procès-verbal, et les inquiétudes ou les colères s’expriment. Des idées fusent, elles se précisent au cours de la discussion. C’est animé, chaleureux, les échanges sont parfois vifs, mais chacun est écouté. On s’informe, des réfugiés sont présents, patients, ils parlent aussi.

Je suis contente de désobéir à ce «père», ce gouvernement que je n’ai pas élu.

Accompagnement des requérants

Une activité importante est l’accompagnement du requérant au Service de la population (SPOP). Une personne entre avec lui dans le bureau, elle doit bien connaître le dossier, et les autres battent le pavé pour faire acte de présence et manifester leur soutien. Déjà si tu es Suisse, quand tu vas dans un bureau de l’Etat pour un papier, tu n’en mène pas large. Mais si tu es étranger, demandeur d’asile, c’est le cauchemar! Qu’est-ce qu’on obtient? Des peanuts, tout le monde s’en va déçu.

Ce gouvernement nous fait honte

A part ça, on fait notre possible pour se faire entendre des médias et de la population. Et leur soutien nous donne des ailes. Ce gouvernement qui nous fait hon-te, on essaie de la malmener, de le gêner dans ses projets infernaux, jusqu’à ce qu’il cède. Se fait-on des illusions?

Et puis il y a la découverte de ces familles. On apprend leur histoire, on est invité chez eux; ce café, ce qu’il est bon! Quelle amitié, quel accueil! Mais leur angoisse se remarque. Parfois elle éclate, et il faut être présent. Le soir, quand je rentre chez moi et vais dormir sur mes deux oreilles, est-ce que je me rends compte que la police peut les réveiller au milieu de la nuit?

Nous sommes en colère

Aujourd’hui, le cœur n’est plus au gentil badinage. La santé de nos amis se dégrade. Les trois mois de prétendue trêve nous ont usés. Le gouvernement comptait qu’on «accepte», c’est-à-dire qu’on se résigne. Il manque totalement de respect pour toute cette population qui partage nos idées, qui signe des pétitions, vient à nos fêtes et à nos manifestations.

Les arrestations et les renvois ont commencé, nous sommes en colère.

Francine Sacco