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Notre regard

Editorial | Un nouveau départ

Après dix-neuf ans et des poussières passés à la rédaction de Vivre Ensemble, je pars vers un nouvel horizon professionnel. Ces années ont passé sans que je ne m’en rende compte. Il faut dire que la Suisse, avec une belle application, n’a cessé en vingt ans de durcir le droit d’asile. Six révisions de la loi, deux arrêtés urgents, une loi sur les mesures de contraintes, souvent suivis de référendums et de campagnes de votations. Pas le temps de s’ennuyer.

Ces incessantes révisions ont été accompagnées de mesures qui ont successivement laminé les droits des requérants, dégradé leurs conditions de vie (interdiction de travail, assistance réduite, isolement social, aide d’urgence pour les déboutés,…), les ont marginalisés, pour finir par les criminaliser (emprisonnement des déboutés en vue du renvoi). Tout a été mis en œuvre ces vingt dernières années pour faire comprendre aux réfugiés, qu’ils ne sont pas les bienvenus.

En passant en revue les articles parus dans Vivre Ensemble, on peut y voir l’illustration d’une politique officielle répétant jusqu’à l’absurde, de révision de loi en révision de loi, qu’il faut durcir le droit d’asile pour mieux accueillir les «vrais» réfugiés. Mais de numéro en numéro, on peut aussi y lire la volonté de ceux qui se veulent «aux côtés des réfugiés», de ceux qui refusent le nivellement des esprits et qui veulent rester présents dans le débat public pour empêcher le démantèlement des droits des plus faibles.

Si les batailles ont été nombreuses et difficiles, nous avons également relayé de belles victoires, comme les actions humanitaires 1990 et 2000 qui ont permis de régulariser de très nombreux requérants d’asile; les autorisations de séjour accordées après une mobilisation acharnée au «523 déboutés» du canton de Vaud; ou encore la création après les votations du 24 septembre 2006 de l’Observatoire du droit d’asile et des étrangers, porté par les milieux de défense du droit d’asile, du droit des étrangers et des sans-papiers.

C’est grâce à votre soutien, année après année, que nous avons tenu bon face au climat de plus en plus hostile aux réfugiés et que Vivre Ensemble est resté un élément clé du mouvement de défense du droit d’asile. Merci donc à vous qui nous lisez d’avoir permis cette aventure et de nous permettre de la poursuivre.

Je pars le cœur d’autant plus léger, que la continuité de Vivre Ensemble est déjà assurée grâce à Sophie Malka, journaliste, qui reprendra le flambeau dès le 1er août et qui apportera un souffle nouveau à la revue!

Isabelle Furrer