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Notre regard

L’aide d’urgence est de plus en plus contestée

26 cantons, 26 pratiques plus ou moins inhumaines

L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés a publié le 15 décembre un rapport sur l’aide d’urgence telle qu’elle est pratiquée dans les 26 cantons suisses (Dossier complet). Un survol marqué de bout en bout par une très grande inégalité de traitement.

Si Neuchâtel et Fribourg maintiennent certaines personnes vulnérables dans le régime ordinaire d’aide sociale, à Saint Gall, on observe des cas de malades psychiques placés dans des abris de protection civile.

A Berne, les enfants ont été retirés des écoles, et ils ne reçoivent plus que six à dix leçons par semaine dans les centres d’hébergement. Au Tessin, ceux qui ne sont pas classés comme cas vulnérables n’obtiennent plus rien du tout, au mépris de l’obligation constitutionnelle instituant l’aide d’urgence.

Comptes d’apothicaires

A titre d’exemple, et plus concrètement, les prestations d’aide d’urgence peuvent comprendre, comme ici à Genève:

  • Le logement dans un lieu d’hébergement collectif
  • La nourriture, fournie en nature pendant 12 mois. Les personnes frappées d’une NEM reçoivent ensuite un montant de 10 frs par jour; les personnes déboutées reçoivent cette prestation sous forme financière immédiatement
  • Des bons pour des vêtements et la mise à disposition d’articles d’hygiène de base
  • L’accès aux soins de santé indispensables; pour le moment, les personnes déboutées gardent leur couverture LAMAL)
  • Un titre de transport valable

La contestation gronde

Diverses interpellations et projet de loi ont remis en question l’inadéquation d’une mesure calibrée pour une courte durée et de ses conséquences. Notamment à Genève, où un projet de loi demande l’abandon du régime d’aide d’urgence après 3 mois et des mesures pour prémunir les personnes vulnérables d’une exclusion de l’aide sociale. Rejeté en commission en décembre, ce projet aura du mal à obtenir la majorité du Parlement cantonal.

Dans le canton de Vaud, diverses actions, notamment parlementaires, sont menées afin d’en savoir plus sur la durée et l’effet de ce régime sur les personnes concernées. La volonté affichée est de «sortir de l’aide d’urgence et d’une aide sociale au rabais», selon les termes d’une motion soutenue par les milieux de défense du droit d’asile, qui persistent à qualifier l’aide d’urgence de «discriminatoire et contraire au respect des droits humains fondamentaux».