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Notre regard

Mobilisation | L’aide d’urgence largement contestée dans le canton de Vaud

Dans le canton de Vaud, plusieurs actions «coup de poing» ont été menées à l’approche de l’été pour dénoncer le régime d’aide d’urgence pratiqué sur les hommes, femmes et enfants auxquels le droit d’asile a été refusé. Occupation d’un centre d’aide d’urgence, manifestations, pique-nique. Une pétition, lancée dans la foulée, exige la fin du régime d’aide d’urgence et le droit au travail pour les débouté-e-s et personnes victimes de non-entrée en matière. Derrière cette mobilisation, un mouvement: le Collectif «Droit de rester». Qui est-il? Comment fonctionne-t-il? A quoi aspire-t-il? Nous lui donnons la parole. (réd.)

Le collectif Droit de rester fonctionne depuis près de dix-huit mois. Issu des Etats généraux vaudois pour les droits des migrant-e-s, il a commencé à fonctionner avec des personnes de la Coordination asile Lausanne, un groupe qui s’est dissout suite au succès obtenu par la lutte dite des «523».

Le collectif est donc né sur la base d’une régularisation d’environ 1000 personnes établies dans le canton de Vaud. La dynamique lausannoise actuelle s’est construite autour d’un lieu accueillant se trouvant à proximité d’un centre d’aide d’urgence. Ainsi, chaque lundi soir depuis plusieurs mois, nous nous retrouvons à la Maison de quartier sous-gare à Lausanne.

Ces réunions hebdomadaires nous permettent de mettre sur pied des actions collectives régulières, et, parallèlement, de discuter des situations individuelles. Elles sont suivies d’un repas collectif préparé par l’un-e des membres.

Le collectif est constitué d’une forte majorité de requérant-e-s d’asile, une vingtaine en moyenne, renforcé par un noyau dur d’appui de moins de dix personnes.

Les obstacles ne manquent pas

La continuité dans la participation de l’ensemble des participant-e-s est tout à fait remarquable malgré les obstacles logistiques (les requérant-e-s placés dans les centres ne touchent pas d’argent pour se déplacer) et la difficulté d’obtenir des victoires fortes. En effet, si nous avons obtenu quelques améliorations dans la vie quotidienne des personnes (nourriture, ouverture plus large des centres d’aide d’urgence), nos revendications de fond – régularisation collective, droit au travail, logements dignes – n’ont abouti à aucun résultat concret.

La volonté d’être présent dans la rue pour faire des actions fortes est générale, la recherche d’idées nouvelles est constante. Depuis plus d’une année, nous sommes présent-e-s de manière hebdomadaire devant le législatif cantonal (Grand Conseil). Nous y affirmons nos revendications par la distribution de tracts et en déployant des banderoles.

Manifestations et occupation

D’autre part, au début de l’été 2009, nous avons organisé avec le groupe de Vevey (Coordination asile Riviera) l’occupation d’un centre d’aide d’urgence qui s’est terminée «pacifiquement» par une évacuation policière. Nous avons profité de cette action symbolique pour lancer une pétition exigeant une politique migratoire respectueuse de la dignité humaine. Son texte demande la fin du régime d’aide d’urgence et le droit au travail.

Actuellement, nous sommes confrontés à la fermeture du centre d’aide d’urgence du Simplon (sous-gare) et donc au déplacement des personnes concernées. Nous avons donc fait une première réunion / pique-nique mi-août devant le centre afin de définir une stratégie.

Avec le régime d’aide d’urgence, l’Etat a instauré un obstacle supplémentaire à la lutte sur les questions d’asile. En effet, les difficultés quotidiennes de survie avivent, au sein de notre collectif, la tension que l’on constate souvent entre résolution des situations individuelles et volonté de mener des actions collectives. Le fait de devoir résoudre les situations individuelles se pose naturellement dans le contact régulier et il est parfois difficile de se recentrer sur les objectifs centraux de notre mouvement, c’est à dire notre volonté d’avoir une action politique collective. Par exemple, nous suivons les dossiers médicaux de certaines personnes, nous exigeons des appartements pour des familles qui vivent entassées dans les centres. Nous sommes également intervenus plusieurs fois auprès de la Policlinique médicale universitaire ou auprès de l’Etat concernant le système inique de l’aide d’urgence. Il est important de dire que les structures d’aide pour les requérant-e-s manquent cruellement et que le petit réseau d’appui local est en voie d’affaiblissement pour diverses raisons.

Un fonctionnement mobilisateur

De plus, nous rencontrons toujours plus de difficultés à attirer les médias (journaux, télévisions, radios). Il s’agit d’un thème que le principal quotidien local, 24 Heures, ne désire explicitement plus trop mettre en avant. Malgré diverses conférences de presse, actions sur le terrain, manifestations, les échos médiatiques restent trop rares.

En dépit des difficultés et d’un isolement toujours plus grand, les groupes se mobilisant pour l’asile dans le canton de Vaud persévèrent dans leurs combats. Si ceux-ci ont surtout permis des améliorations du quotidien, on peut se demander pour quelles raisons les personnes concernées continuent de participer à ce collectif.

Quelques pistes peuvent être ébauchées, qui tiennent surtout à notre mode de fonctionnement. Le fait de se rencontrer de manière hebdomadaire dans un endroit agréable, de pouvoir évoquer sa situation personnelle ou de mettre sur pied des actions collectives renforcent sans doute un lien d’appartenance qui compte pour chacun-e d’entre nous. L’agenda n’étant pas défini, toutes et tous peuvent également amener des idées et prendre des responsabilités dans un lieu de décision horizontale basé sur la dignité et la fraternité.

Le fait de partager un repas dans la foulée de la réunion en fait aussi un moment plus convivial qu’une simple réunion politique. Et finalement, nous avons constaté un fort attachement des requérant-e-s d’asile aux actions régulières telles que celles menées hebdomadairement devant le Grand Conseil.

Collectif Droit de rester

*membre de la Coordination asile Vaud

Pétition et agenda en ligne sous  www.droitderester.ch

Contact: 076 426 06 22

HUMEUR

L’EVAM sanctionne, les militant-e-s résistent «Dehors, vous n’avez plus le droit de pénétrer  dans ce centre!» C’est un agent de sécurité du centre du Simplon de Lausanne, géré par l’EVAM (établissement vaudois d’accueil (sic) des migrants) qui s’octroie ce droit. Il a reçu la liste des personnes interdites d’accès, il obéit à des ordres. Même attitude de la part du responsable du centre. Pas d’autres explications de leur part. A l’EVAM, ils sont fâchés. Ils n’ont pas aimé l’occupation du centre de Vevey le 12 juin 2009. Pensent-ils peut-être nous intimider avec ces sanctions dépourvues de base légale? Ils se trompent, nous n’allons pas lâcher notre lutte, nous allons exiger des explications… Voire des excuses. Et nous continueront à nous battre pour le respect des droits fondamentaux de toutes les personnes «accueillies» par l’EVAM.

Coordination asile Vaud