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Notre regard

Une leçon de partage

Dans le travail d’accompagnement accompli par l’Aumônerie genevoise œcuménique auprès des requérants d’asile (AGORA) on privilégie avant tout l’accueil et l’écoute de l’autre, sans porter de jugement, dans un respect total de l’être humain. Il y a un travail de connaissance et de reconnaissance de l’autre. Et je peux témoigner qu’en effet, il y a un réel échange.

Un jour, j’ai accompagné chez le pédiatre une femme d’origine kurde, qui ne parle que très peu le français, avec son fils de 6 ans et son bébé de deux mois. Avant d’aller chez le médecin, elle m’a invité à boire un café dans le centre commercial où se trouve le centre médical.

Au début, j’étais gênée car cette femme dépend de l’aide d’urgence et n’a pas beaucoup d’argent. En même temps, j’ai été très touchée par son geste. J’ai quand même accepté parce que je me suis dit que cela lui ferait plaisir. On a pu discuter un peu et même se comprendre. Elle m’a expliqué que, chez elle, il n’était pas possible pour une femme d’aller boire quelque chose dans un café.

J’ai pu constater que, bien qu’elle soit dans une situation difficile ici, elle a trouvé une liberté qu’elle n’avait pas dans son pays. J’ai compris que c’était important pour elle de partager ce moment avec moi.

La confiance s’est installée

Ensuite, nous sommes allées chez le pédiatre pour son fils. Je l’ai aidée à remplir le formulaire du médecin. Et j’ai assisté à la consultation pour pouvoir transmettre les paroles de ce médecin à un éventuel traducteur, au cas où elle aurait manqué certaines informations.

Tout au long de mon stage, j’ai eu diverses occasions de côtoyer cette femme. Petit à petit, la confiance s’est installée entre nous. Quelquefois, elle m’invitait à boire un thé chez elle. Malgré la difficulté de la langue, nous arrivions quand même à parler de différents sujets. Elle me parlait de son pays, de ses enfants et des choses de la vie courante.

Vers une rencontre mutuelle

Vers la fin de mon stage, elle m’a invitée, un soir, à partager un repas chez elle. Elle m’a servi un plat comme au Kurdistan. Assises par terre sur le tapis, nous avons mangé du boulgour avec du poulet. Elle était heureuse de me faire découvrir un repas selon les coutumes de son pays. Et moi, j’ai été ravie d’apprendre quelque chose de nouveau.

Cette femme, comme beaucoup d’autres personnes, est dépendante de l’aide qu’elle reçoit de l’Hospice général. Elle ne peut pas subvenir elle-même à ses besoins. C’est difficile de ne pas pouvoir être indépendante. Mais comme on peut le constater par cet exemple, ces personnes ont énormément à donner et à faire partager du point de vue humain.

Maude Berdat, article paru dans Agora Infos

Maude Berdat, 19 ans, a fait un stage de cinq mois à l’AGORA (novembre 2009 – avril 2010), dans le cadre d’une maturité spécialisée en travail social.