Naturalisés, bientôt expulsés?

La technique est bien connue de l’UDC. Pour faire passer une idée, on raconte une anecdote, dans laquelle on se met en scène pour faire plus vrai, on l’arrange un peu pour qu’elle colle parfaitement à la situation –les mensonges y sont tolérés- et enfin on la présente comme étant symptômatique d’une réalité géné- ralisée. Christoph Blocher s’y adonnait, même lorsqu’il était conseiller fédéral. Oskar Freysinger suit le guide. Monté à la tribune du Conseil national pour défendre l’initiative pour le renvoi des étrangers criminels, il a raconté avoir buté en gare de Sion sur un semi-cadavre, couteau planté dans le dos, au-dessus duquel des jeunes « qui apparemment – puisque je ne connaissais pas leur langue s’invectivaient». Bref, sa solution: l’expulsion. Sauf que Le Matin l’a surpris en flagrant délit d’instrumentalisation: ils étaient tous bien Suisses et même Valaisans…

Pas démonté pour autant, Freysinger assure qu’ils étaient «naturalisés», la langue et la «couleur de la peau (sic!)» ne laissant aucun doute. Et la meilleure défense étant l’attaque, il s’en est pris aux «naturalisations à haute dose» qui cherchent uniquement à «faire diminuer les statistiques de la criminalité». Un vrai complot!

Sophie Malka

Plus d’infos sur la campagne contre l’initiative sur le renvoi des criminels étrangers et son contre-projet: www.stopexclusion.ch et www.2xnon.ch (dossier en français à télécharger)