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Notre regard

L’ODM juge le cas invraisemblable, sans même regarder ses cicatrices!

Aran, jeune étudiant tamoul, raconte avoir été emprisonné et torturé. En 2008, après sa libération, et suite à de nouveaux démêlés avec l’armée, il se réfugie en Suisse. Lors de ses auditions, Aran explique avoir été membre d’un mouvement d’étudiants soutenant les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE). En février 2007, il a séjourné quelques mois à Colombo, puis est retourné à Jaffna où il a appris qu’il était recherché par l’armée et qu’un étudiant du même nom que lui avait été tué par erreur. Aran  précise avoir été arrêté en octobre 2007, puis torturé: «Ils ont pris un fil de fer et ils m’ont piqué le dos avec, ils l’ont accroché à une poulie (…) ils m’ont soulevé avec cette poulie».

Malgré le récit d’Aran, l’ODM n’ordonne aucune expertise médicale afin de vérifier l’origine de ses blessures, ni ne lui suggère de produire un certificat médical. En 2010, l’ODM rejette sa demande d’asile et ordonne son renvoi, considérant que son comportement et celui des forces de sécurité (qui auraient libéré Aran après trois mois), tels que les décrit Aran, ne sont pas logiques. Jugeant son cas invraisemblable, l’ODM ne s’attarde pas sur les cicatrices d’Aran. «Les origines et les circonstances des blessures peuvent être diverses et s’inscrire dans un contexte étranger au droit d’asile». Il écarte également l’attestation d’un prêtre sri lankais. Aucune vérification n’est faite sur l’assassinat d’un homonyme. En août 2010, Aran recourt devant le TAF avec des rapports médicaux qui attestent que ses cicatrices correspondent à des signes spécifiques de violences et que les troubles psychiques dont souffre Aran  sont liés à un état de stress post-traumatique découlant de «séquelles de violences systématiques». Un recours a été déposé.

ODAE Romand, Extrait du Cas 139 / 8.02.2011