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Documentation

Le Courrier | Le modèle hollandais à Zurich

La Ville et l’Office fédéral des migrations veulent créer un centre d’accueil pour tester les procédures accélérées. Entre 400 et 500 requérants pourraient y être placés.

Article paru dans Le Courrier le 3 février 2013. Disponible online ici.

De Ariane Gigon.

L’Office fédéral des migrations (ODM) semble avoir trouvé la perle rare: une ville, Zurich en l’occurrence, prête à mettre à disposition le terrain nécessaire pour créer un nouveau centre d’accueil des requérants, terrain qui s’avère bien situé et suffisamment grand. Le fameux modèle hollandais – tous les acteurs de l’asile travaillent à l’endroit où les requérants attendent une réponse – pourrait donc devenir réalité dès l’hiver prochain à Zurich. C’est ce qu’ont annoncé les partenaires, ODM et Municipalité zurichoise, hier au bord de la Limmat.

Aux portes de Zürich-West

Les nouveaux centres de procédure fédéraux, tel celui qui sera testé à Zurich, doivent permettre de traiter les demandes d’asile entre 100 et 140 jours au maximum. Ils accueilleront non seulement des requérants, parfois avec enfants, mais aussi des juristes, du personnel médical et même des enseignants. «Plusieurs communes nous ont fait part de leur ouverture, mais Zurich était la seule à proposer un projet concret», explique Barbara Büschi, directrice suppléante de l’ODM.

La zone qui sera mise à disposition de la Confédération, pour une durée de 15 ans doit son nom au fondateur de Migros, Gottlieb Duttweiler. Situés à l’entrée ouest de Zurich, les 5500 mètres carrés sont à un jet des nouveaux clubs, immeubles locatifs, hôtels et écoles qui forment le quartier Zürich-West. Mais, pour l’heure, si une nouvelle ligne de tram est déjà en service, les riverains directs sont peu nombreux et se limitent à des bureaux. Le bon raccordement avec les transports publics est également un avantage, pour l’ODM, étant donné la centaine de personnes qui travailleront au centre et encadreront entre 400 et 500 requérants.

Economies importantes

De son côté, la ville de Zurich ne voit que des avantages dans la création du centre. D’abord, elle escompte une économie de plus d’un million de francs par année, car les dépenses pour les requérants du nouveau centre incomberont désormais à la Confédération. En outre, le marché du logement ne sera plus sollicité. «Nous sommes en permanence en quête d’appartements pour les 1900 requérants qui nous sont assignés», rappelle Thomas Meier, porte-parole du département des affaires sociales. Enfin, pour Martin Waser, municipal socialiste en charge du dossier, «il est temps de mettre un terme au petit jeu consistant à laisser les responsabilités aux autres. Les villes veulent participer aux efforts collectifs, pour le bénéfice de tout le pays.»

La ville de Zurich et la Confédération savent néanmoins déjà qu’elles doivent compter avec des oppositions. Prévenant les craintes des riverains, Martin Waser a déclaré que «le centre sera soumis à des règles précises.» Les entrées et les sorties seront ainsi contrôlées. Les propriétaires fonciers alentour ont déjà été mis au courant et une séance d’information aura lieu la semaine prochaine, avec Barbara Büschi.

Ce soin apporté à la communication est salué par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR). «Si requérants et habitants sont correctement informés, l’acceptation sera plus grande», explique le porte-parole Stefan Frey. L’OSAR réagit du reste très positivement à l’annonce du centre zurichois: «Une ville a une capacité d’absorption plus grande que les localités de campagne et évite l’isolement des requérants.»

 

Milliers de nouvelles places

Si le centre de Zurich servira de test, d’autres centres de procédure doivent voir le jour, selon la déclaration commune adoptée par la Confédération, les cantons, les villes et les communes le 21 janvier dernier, qui a privilégié la ­variante de cinq régions comptant plusieurs centres de 400 places chacun. Au total, 6000 places seront à disposition pour les procédures accélérées. La Confédération entend assumer 60% des cas, contre environ 10%, tandis que les cantons auraient encore 40% des cas à leur charge.

Actuellement, cinq centres de procédure et d’enregistrement sont en service à Vallorbe, Chiasso, Bâle, Kreuzlingen et Altstätten (SG). Des centres d’hébergement d’urgence sont en activité à Sufers (GR), aux Pradières (NE), à Châtillon (FR) et à Nottwill (LU). Les discussions entre la Confédération, les cantons et l’armée, afin de déterminer l’emplacement de nouveaux hébergements temporaires, sont toujours en cours, indique le ­service de presse de l’ODM.