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Amnesty international | Réfugiés palestiniens en Jordanie

Réfugiés palestiniens en Jordanie : « Un chien a plus de liberté que nous »

Neil Sammonds, chercheur sur la Syrie pour Amnesty International a rencontré les réfugiés Palestiniens de Syrie dans le camp de Cyber City. Il explique les discriminations qu’ils subissent de la part des autorités jordaniennes.

Publié sur le site d’Amnesty international, le 12 août 2013. Cliquez ici pour lire l’article sur la page d’Amnesty.

Cyber City est un camp insolite situé dans le nord de la Jordanie. Au départ prévu pour des travailleurs migrants, il accueille aujourd’hui quelque 500 réfugiés qui ont tous fui la Syrie.

Les réfugiés palestiniens ne sont pas épargnés par la guerre en Syrie

Les Palestiniens sont durement touchés par les violences en Syrie. Près de la moitié des quelque 500 000 réfugiés palestiniens que compte la Syrie ont été déplacés. De violents combats se sont déroulés dans les camps de réfugiés et d’autres lieux où ils vivaient, dont le camp de Deraa et les quartiers de Yarmouk et de Sayyida Zaynab à Damas.

Environ 6 000 personnes ont été obligées de quitter le camp d’Ein al Tal, à Alep, en avril 2013. D’après les informations reçues, le camp de Sbeineh, à Damas, a été touché en mai 2013 par un missile sol-sol, qui a fait au moins cinq morts. Au moins cinq autres réfugiés, dont deux enfants et deux femmes, ont également été tués par des obus de mortier tirés sur le camp de Khan Eshieh, à Damas, en juin 2013.

Les autorités jordaniennes ferment leur frontière aux réfugiés palestiniens.

Des centaines voire des milliers de réfugiés palestiniens qui fuient les violences en Syrie auraient été refoulés à la frontière jordanienne en raison de leur origine, en violation du droit international.

La Jordanie accueille un demi-million environ de personnes venues de Syrie, mais refuse généralement d’admettre sur son territoire les réfugiés palestiniens et irakiens, les hommes voyageant seuls ou les sans papiers. À la lumière des violations des droits humains et des violences généralisées dont la Syrie est le théâtre, toutes les personnes qui fuient le conflit devraient être autorisées à chercher refuge, sans discrimination aucune.

Sur les quelque 7 000 Palestiniens qui sont parvenus à rejoindre la Jordanie, soit avant que le pays ne leur interdise l’accès à son territoire l’année dernière, soit à l’aide de faux papiers, une partie ont été reconduits par la force à la frontière, là encore en violation du droit international.

Certaines de ces tentatives de refoulement auraient échoué grâce à l’intervention de la communauté internationale et à la mobilisation des habitants de Cyber City.

Etre réfugié palestinien en Jordanie : un statut très particulier …

Alors que les Palestiniens étaient majoritaires à Cyber City, leur nombre semble diminuer, car beaucoup ne supportent plus les conditions de vie dans le camp et sont retournés dans la zone de conflit.

« Je préfère retourner en Syrie et y mourir avec un peu de dignité, plutôt que de vivre ici sans aucune dignité », affirment nombre d’entre eux.

Officiellement, il est interdit aux Palestiniens de quitter Cyber City. Ils sont parfois autorisés officieusement à rendre visite à des proches dans d’autres villes, mais en règle générale ils ne peuvent pas quitter le bâtiment ou ses proches environs.

De telles conditions s’apparentent à une détention arbitraire. « Je suis désolé, mais un chien est plus libre de ses mouvements que nous », déclare avec beaucoup d’énervement Ali, qui habite Cyber City depuis plus d’un an.

Même si les Syriens et les Palestiniens de Syrie sont conscients d’être en sécurité en Jordanie, ils ont du mal à survivre. Chaque résident de Cyber City a droit à un ticket de rationnement mensuel d’une valeur de 24 dinars jordaniens (environ 34 USD), qu’il peut échanger contre de la nourriture dans une petite boutique à proximité du camp. Cela représente 0,80 dinar par jour. Une conserve de thon de 160 g coûte plus que cette somme.

« La situation ici est bien pire pour les Palestiniens que pour les Syriens, explique Ziad. D’abord, ils peuvent quitter le camp alors que nous n’y sommes pas autorisés. Ensuite, lorsqu’ils sortent, ils peuvent aller voir des organismes caritatifs et montrer leur carte de réfugié du HCR pour obtenir une aide supplémentaire. » Les Palestiniens ne disposent pas de cette carte, car ils dépendent de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, alors qu’ils devraient bénéficier des mêmes services que les Syriens.

Pour des raisons de sécurité, certains noms ont été modifiés.