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Notre regard

Au bord du monde | Valentine Sergo, écrivaine et metteure en scène

Valentine Sergo a écrit et mis en scène Au Bord du Monde un spectacle réalisé à partir de témoignages de demandeurs d’asile, de réfugiés et de professionnels actifs auprès des réfugiés. Elle nous explique sa démarche.

Mon désir est de redonner une humanité à ces figures un peu fantomatiques qui hantent le paysage helvétique, provoquant tantôt l’inquiétude, tantôt la pitié.

Ce projet est né de ma rencontre avec le centre pour requérants d’asile de Feuillasse, à Meyrin, dans le canton de Genève.

Au retour de ma première visite au centre, j’ai pris conscience du parcours de vie de toutes ces personnes. Ce n’était plus de vagues silhouettes qui avaient fui des guerres, des dictatures… mais une femme enceinte qui était partie en pleine nuit avec sa petite fille de 5 ans parce qu’une milice confisquait sa maison, milice qui avait fait disparaître son mari plusieurs mois auparavant… C’était également un homme en danger de mort, en lutte contre la dictature établie dans son pays, placé dans un avion sans même savoir où il allait atterrir…

Mon désir est de redonner une humanité à ces figures un peu fantomatiques qui hantent le paysage helvétique, provoquant tantôt l’inquiétude, tantôt la pitié.

Donner la parole à ces personnes, mais aussi à toutes celles qui sont autour: assistants sociaux, juristes, policiers, etc… quel est le vécu de ceux qui se battent pour que l’autre reste ou parte?

J’aurais pu intituler ce spectacle Réfugiés: Bienvenue nulle part, d’après le titre de l’introduction au livre Réfugiés, un scandale planétaire. J’ai décidé de l’intituler Au Bord du Monde, parce que quand on est placé au bord du monde, on peut encore garder l’espoir d’y arriver, dans ce monde. Et c’est l’espoir de tous ces gens qui m’a frappée et émue dans mes rencontres avec eux. Ces personnes qui n’ont plus aucune place où exister, qui voient leurs droits diminuer d’année en année, qui n’ont aucune idée de quoi leur lendemain sera fait et qui portent toujours en elles, malgré tous les drames traversés, une étincelle d’espoir.

Je tente, par mon métier de comédienne, auteure et metteure en scène, de traquer l’humanité, parce qu’elle existe toujours! Et c’est souvent en allant à la rencontre des plus démunis qu’on la reconnaît de la manière la plus claire et limpide.

Tous m’ont parlé d’espoir, et certains même m’ont recommandé de ne pas oublier l’humour dans mon spectacle. «Parce que dans la vie, il y a toujours de l’humour» m’a dit un jeune réfugié des pays de l’Est de l’Europe.

De par mes expériences théâtrales hors de Suisse, notamment en Inde, en Palestine et à Madagascar, j’ai à chaque fois été bouleversée mais aussi très perturbée de voir à quel point «moins on a, plus on donne», et aussi à quel point «moins on a, plus on a foi en l’être humain».

Cette constatation fait complètement écho à mon envie, mon besoin, mon exigence envers moi-même de monter cette pièce ici et maintenant, dans un pays occidental, et qui plus est, bien épargné par la crise actuelle qui sévit en Europe.

Valentine Sergo

Ce spectacle sera joué au théâtre St Gervais 5 rue du Temple 1201 Genève
dans le cadre de la quinzaine Mémoires blessées

du 3 au 15 février 2014, les lundi, mercredi et vendredi à 19h et les mardi, jeudi et samedi à 20h30.
Relâche dimanche 9 et lundi 10 février 2014

Mise en scène Valentine Sergo, dramaturgie Rim Essafi, collaboration artistique et direction d’acteurs Anne-Shlomit Deonna, comédiens Latifa Djerbi, Jean-Luc Farquet, Valentine Sergo, Miami Themoconteur Sidi Moumounta, regard complice C. Laure Hirsig, costumes Aline Courvoisier, scénographie Claire Firmann, Valentine Sergo, lumières Claire Firmannadministration Maribel Sanchez, soutiens République et canton de Genève, Ville de Genève, Loterie Romande, St-Gervais Genève Le Théâtre, Fondation Meyrinoise du Casino, Fonds culturel de la SSA, Service Culturel Migros, Commune de Meyrin, Fonds Action-intermittent