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Comptoir

RTS | La chronique « Factuel » revient sur les déclarations de M. Casella

Le 5 mars dernier, M. Casella, ancien directeur du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR), était interviewé dans l’émission l’« invité du 12h30 » sur les ondes de RTS La Première.  Suite à notre intervention, la chronique « Factuel » est revenue sur ses propos, dans le journal du matin du 19 mars 2014.

Dans son interview M. Casella évoque le rôle de la Suisse comme terre d’accueil, notamment pour les réfugiés et déclarait « La Suisse aujourd’hui est proportionnellement à sa population un des pays qui reçoit le plus de demandeurs d’asiles et le plus de réfugiés, donc la Suisse remplit sa tâche. Mais la Suisse ne doit devenir la destination de choix de milliers de malheureux. »

Suite à notre courrier contestant ces propos, l’émission Factuel du 19 mars remet la Suisse à sa juste place au regard des statistiques du HCR (22ème place proportionnellement à sa population et à la taille de son économie) et adresse un « feu orange » a cette déclaration.

Pour réécouter l’émission Factuel, cliquez ici.

Voici le courrier envoyé à la RTS par le Comptoir des médias

En tant que service d’information actif dans la défense du droit d’asile en Suisse, nous nous permettons de vous écrire à propos de l‘interview de votre invité Alexandre Casella, diffusée hier sur vos ondes. Prenant position sur l’accueil de réfugiés syriens, M. Casella indiquait que « La Suisse est un des pays qui, par rapport à sa population, accueille le plus de demandeurs d’asile et de réfugiés ».

Une assertion fausse, et facilement réfutable : il suffit de voir le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile au Liban aujourd’hui, pour contester ces chiffres. En été 2013, le Liban accueillait déjà quelque 700 000 réfugiés syriens pour une population de 4,3 millions d’habitants (sans compter les réfugiés palestiniens). La Jordanie et la Turquie en avaient accueillis 1 million. Et les chiffres ont augmenté depuis.

En Suisse, en 2013, les personnes relevant du domaine de l’asile s’élevaient à environ 80’000 personnes, soit environ 1% de sa population… Y sont inclues les réfugiés statutaires, les demandeurs d’asile, les personnes déboutées et en procédure de renvoi. 1900 Syriens ont déposé une demande d’asile en 2013. L’accueil d’un contingent de 500 personnes sur trois ans a été annoncé par la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.

L’épouvantail de l’invasion
Dire ce genre de contre-vérités relève donc de l’idéologie, d’autant plus lorsqu’elle émane d’un ancien responsable du HCR qui a visiblement des comptes à régler avec son ancien employeur (voir ses précédentes publications). Surtout, elle ne fait que contribuer à instiller dans l’esprit du public la crainte d’une « invasion », et que la Suisse en fait déjà trop. Ce que, en tant que journaliste, devriez d’une manière ou d’une autre, contrebalancer, notamment en présentant les derniers chiffres du HCR, qui relève à quel point le gros du fardeau des réfugiés dans le monde est pris en charge par les pays du Sud et les pays pauvres (80%). Que les réfugiés restent généralement dans les pays proches du leur (4/5). Qu’en fonction de son PIB, la Suisse ne figure ni dans le classement du top ten des pays industrialisés et encore moins du monde, où le Pakistan, l’Ethiopie, le Kenya, le Sud Soudan et le Tchad occupent les premières places.

Un problème de communication
Il est vrai que l’Office fédéral des migrations communique régulièrement sur ce positionnement en fonction du nombre d’habitants. Comparaison mise en scène dans une infographie intitulée « Demandes d’asile en comparaison internationale » et souvent reprise dans les médias.  Or, si la Suisse était en 2012 en troisième position du nombre de demandeurs d’asile en comparaison avec les pays de l’Ouest de l’Europe, elle a assurément été déclassée en 2013. Et si on élargit l’échantillon, la Suisse ne figure plus au tableau. » (voir notamment: l‘infographie trompeuse de l’ODM)

Ces propos ont certes été tenus dans le cadre d’une interview, mais il nous semble nécessaire que la RTS, en tant que service public, les contextualisent, y compris après-coup, dans la mesure où l’interview est disponible sur son site Internet.

Nous sommes d’ores et déjà curieux de connaître votre position à cet égard et les mesures que vous entendez prendre en vue de proposer à votre public une information correcte et sommes à votre disposition pour tout renseignement complémentaire.

Nous tenons à préciser ici que notre intervention auprès de votre média, votre réponse et les mesures que vous seriez susceptibles de prendre sont susceptibles d’être publiées sur notre site Internet dans notre rubrique Le Comptoir des médias.

Et voici la réponse de la RTS

Nous avons bien reçu votre courriel du 6 mars dernier et avons pris bonne note de vos remarques.

Nous attirons votre attention sur le fait que les propos d’Alexandre Casella n’engagent que lui. Nous ne manquerons pas d’y revenir dans notre chronique « Factuel », inspirée du « fact checking », dont le but est de vérifier, valider et enrichir une information liée à l’actualité suisse ou internationale.