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Notre regard

Témoignage | Partager, c’est exister

Intégrer, c’est donner la parole aux personnes qui débarquent en Suisse après un départ sans retour possible, après avoir tout quitté – maison, famille, langue, culture, habitudes, saveurs. Comme une téléportation dans un monde nouveau, dans lequel il est difficile de montrer qui l’on est, et de le faire valoir. Ivonne Julipza Murcia Ortiz a décidé de reprendre sa place dans le monde après avoir fui la Colombie. Et d’en faire profiter les autres. A l’heure où l’on parle beaucoup d’intégration, son témoignage vaut son pesant d’or. (réd.)

Dessin réalisé par un enfant participant aux ateliers
Dessins réalisés par les enfant participant aux ateliers

Voici plus d’un an que nous sommes arrivés de Colombie, mes enfants et moi, et nous vivons dans une des nombreuses chambres d’un foyer pour demandeurs d’asile à Genève. C’est ici que nous construisons un nouveau chapitre de notre vie.

Après deux mois ici, je me suis réveillée un matin en comprenant que notre vie en Colombie était vraiment derrière nous. Que la famille, les amis, le travail et notre confort n’étaient plus là. Que la réalité était différente ici et que la vie n’était facile pour personne, et encore moins pour nous, demandeurs d’asile. J’ai alors compris que je n’avais d’autre choix que d’agir, avec la certitude que tout ce que j’avais appris pendant mes études et mon expérience professionnelle en Colombie m’aiderait à entamer un processus d’insertion, nécessaire pour mon futur et celui de mes enfants.

ivonne1Dans cette «tour de Babel» où quelque 8 langues se côtoient, nous sommes plus de soixante personnes: femmes et hommes, enfants et adolescents, originaires d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est, des Balkans ou d’Amérique latine, avec nos propres habitudes, nos pratiques religieuses et nos savoirs. Qu’importe l’âge ou le genre, chaque famille a ses histoires, ses souvenirs, ses peurs, ses désirs et ses espoirs; et cette douleur inoubliable d’être loin de ceux qu’on aime, d’être déracinés. D’autant plus que dans ce foyer, les tensions dues aux différences entre les uns et les autres sont une réalité avec laquelle nous nous couchons et nous levons tous les matins.

Consciente de ces difficultés, qui affectent chacun de manière différente et auxquelles notre famille n’échappe pas non plus, j’ai commencé, avec mes enfants, à organiser des activités d’animation et d’intégration pour les femmes et les enfants du foyer. L’objectif est de mieux nous connaître, de réfléchir et de valoriser ces particularités qui nous rendent différents et qui, à certains moments, deviennent les détonateurs de fortes discussions et de disputes, entre les enfants, mais aussi entre les adultes qui finissent toujours par s’en mêler.

Les clés d’une nouvelle vie

ivonne3Un peu sceptique lorsque je lui ai présenté mon idée, notre assistante a accepté l’initiative, en précisant bien que nous avions une période d’essai de deux mois. Et elle m’a donné un trésor immense: «les clés du Salon». Des clés que je garde aujourd’hui, grâce à son soutien et sa confiance, dans un joli carton bleu que tous les enfants du foyer connaissent bien. C’est désormais devenu une habitude. Chaque mercredi, vendredi et samedi, ils frappent à ma porte pour me les demander, me rappelant subtilement que ce sont les jours où je leur ai promis mon temps, où nous nous réunissons pour discuter, jouer, regarder des films, peindre et chanter.

Depuis 14 mois, j’ai ainsi la grande chance de connaître et de partager les récits de vie de ces enfants dont les parents ont quitté leurs pays pour de multiples raisons, fuyant la guerre, la violence, la pauvreté extrême. Des enfants qui, au milieu de leur innocence, ont compris que la vie continuait et devait s’améliorer; et qui, malgré les difficultés et les contraintes, se lèvent le matin avec le sourire et illuminent de leur joie et de leur spontanéité chaque recoin du foyer.

ivonne2C’est avec eux et pour eux que nous avons organisé différentes activités de rencontre, d’animation et d’intégration sociale, avec le soutien de notre assistante sociale. Nous avons ainsi réalisé une grande fresque murale que nous avons appelée «Nos rêves, parce que ma Vie est ta Vie». Nous avons réalisé un atelier de contes, dont les héros sont les animaux du jardin qui entoure le foyer. Nous avons compilé les légendes de chaque pays, que les enfants ont récoltées auprès de leurs parents, puis se sont racontées dans le Salon. Nous avons, bien sûr, organisé des fêtes telles qu’Halloween, Noël ou l’Escalade. Et nous avons fait de nombreuses sorties: à la patinoire; un pique-nique dans le parc de l’école d’horticulture de Presinge; ou une visite guidée au Viviarium de Meyrin. Avec les femmes du foyer, nous avons également réalisé diverses activités, bien que moins nombreuses du fait de nos multiples rôles au sein de nos familles et d’aspects culturels qu’il faut prendre en compte avant d’agir. Nous avons ainsi célébré la fête des Mères où nous avons pris connaissance de nos noms, nationalités, goûts, compétences et talents. Nous avons participé à la marche «Les femmes et le sport», organisée par la ville de Genève, lors du jour international des femmes. Et nous avons chanté et dansé lors d’une soirée Karaoke réservée aux femmes, lors de laquelle nous avons goûté aux spécialités de chacune.

Reconnaissez nos compétences!

Ces activités m’ont amenée à certaines réflexions que je souhaite partager ici. Je suis persuadée qu’en tant que demandeurs d’asile, nous possédons des compétences qui, si elles sont valorisées et stimulées, permettent la consolidation d’une société réellement inclusive. Dans ce sens, le développement d’activités sportives, artistiques et culturelles, dans lesquelles se reflètent nos valeurs et nos connaissances, contribue de manière effective à notre intégration et réduit le fossé qui existe entre nous et la communauté qui nous accueille, dans chaque village, commune et quartier. Avoir accès à une meilleure connaissance de notre environnement géographique, social et culturel, participera également de ce processus. Il me semble à cet égard impératif de renforcer des activités qui promeuvent et renforcent l’intégration des femmes, selon une perspective de genre et respectueuse des différences culturelles, sociales et religieuses.

Ivonne Julipza Murcia Ortiz
Licencié en éducation pour la éducation pour la démocratie université Surcolombiana, Neiva, Colombie

Traduit de l’espagnol par Raphaël Rey

Version complète originale

COMPARTIR ES EXISTIR

Hace más de un año, mis dos hijos y yo llegamos de Colombia. Desde entonces, hemos estado viviendo en una de las muchas habitaciones que tiene el Foyer para demandantes de asilo ubicado en una bella zona rural de Ginebra. En este nuevo hogar, construimos otro capítulo en la historia de nuestra vida.

Después de nuestro segundo mes en este lugar, me despertéuna mañana entendiendo, por fin, que la vida de Colombia había quedado atrás: la familia, los amigos, el trabajo y las comodidades que teníamos no estaban mas con nosotros. La realidad aquíera diferente y la vida no era fácil para nadie. Puede decirse, que es aún más compleja para nosotros los “Extranjeros”demandantes de asilo, que sentimos y vivimos todo el tiempo la estigmatización y presión de la sociedad. Ante este nuevo panorama, no tenía otra cosa más que hacer, que actuar y abrir mi mente y alas para continuar desplegando mis capacidades, con la seguridad de que todo lo aprendido durante mi formación académica y ejercicio profesional en Colombia, me ayudaría para iniciar el proceso de inserción al que tenía que hacerle frente por mi futuro y el de mis hijos.

En esta “Gran Torre de Babel”donde hablamos más de 8 lenguas, diariamente compartimos más de 60 personas -entre mujeres y hombres, niñas y niños, adolescentes y jóvenes – originarios de África, Asia, Europa del Este, los Balcanes y nosotros los Latino Americanos. Cada familia es diferente, tiene sus propias costumbres, prácticas religiosas y saberes. Las personas sin importar su edad o género, tienen sus propias historias, recuerdos, miedos, anhelos, esperanzas, el inolvidable dolor de estar lejos de los que aman y de ser ahora unos “desarraigados”. Además, porque aquíla integración cultural y la tensión constante por las diferencias entre unos y otros, es una realidad con la que nos acostamos y despertamos cada mañana.

Consciente de esta dura realidad, que afecta de manera diferente a cada integrante de la familia y de la que no podíamos excluirnos, empecé, con la colaboración de mis hijos, a construir una idea que luego se convirtióen la propuesta que socializamos a nuestro Asistente Social, con quien, en ese momento, solo podía comunicarme a través de una traductora o de mi hija pues yo, solo llevaba cuatro meses viviendo aquíy no hablaba francés ni ingles.

La propuesta era sencilla, consistía en organizar en uno de los espacios ya existente dentro del Foyer, diferentes actividades de animación e integración dirigidas a las mujeres, niños y niñas, con el objetivo de conocernos y valorar cada una de esas particularidades que nos hacían diferentes y que en algunos momentos se convertían en detonante de fuertes discusiones y peleas, no solo entre los niños, sino también entre los adultos, que terminaban involucrándose.

Las llaves de una nueva vida

Con un poco de escepticismo, mi Asistente Social dijo “Sí”a la iniciativa, dejando claro que habría un periodo de prueba de dos meses para ver si daba o no resultado. Sin más preámbulos, me entregóun gran tesoro: “las llaves del Salón”. Llaves que hasta el día de hoy y gracias a su respaldo y voto de confianza, guardo en un hermoso cajón azul, que todos los niños y niñas del Foyer conocen. Porque como ya es habitual, cada miércoles, viernes y sábados, llegan tocando a mi puerta para pedírmelas y recordarme sutilmente que son los días, en los que mi tiempo ya estácomprometido con ellos, pues nos reunimos para hablar, jugar, ver películas, pintar, bailar, cantar y divertirnos con el kinet y algunos juegos de sociedad.

Es asícomo después de 14 meses he tenido la grandiosa oportunidad de conocer y compartir las historias de vida de niños y niñas cuyas familias salieron de sus países por múltiples razones, unos huyendo de la guerra, de los efectos de la violencia y otras de la pobreza que limitaba sus oportunidades de desarrollo. Pequeños que, en medio de su inocencia, han comprendido que la vida continúa y debe valorarse; y que en medio de las dificultades y limitaciones en las que viven se levantan sonrientes, iluminando con su alegría y espontaneidad cada rincón del Foyer.

Estas son dos pequeñas historias de algunos de estos niños y niñas que han impactado mi vida y a los que les agradecerésiempre por permitirme desarrollar con ellos las actividades que al final del articulo describo.

Relato 1.

Los Pequeños Traviesos son dos hermanos de 5 y 3 años de edad, que, durante más de un año y en compañía de su madre, tuvieron que vivir ocultos en una cueva después que, por amenazas de fundamentalistas religiosos, se vieran obligados a huir de su ciudad natal y posteriormente separarse de su padre y esposo, quien por la interminable violencia política y religiosa que consume su país, no tuvo una opción distinta de la de emigrar para preservar su vida, emprendiendo un viaje riesgoso para llegar a Suiza, el país en el que estarían a salvo y tendrían mayores oportunidades para educar en paz a sus hijos.

El mayor de los dos hermanos, es el más fuerte, no solo por su carácter sino también por la constitución física de su cuerpo. Su rostro, siempre cubierto de una cierta rigidez, indicaba hasta donde podían acercarse y que realmente era de su agrado. La forma en que se comunicaba corporal y verbalmente con los demás no era aceptada por muchos en nuestra casa, pues para algunos, que no se tomaron el tiempo para conocerlo y descubrir en su interior el grandioso ser que en él habitaba, simplemente lo apartaban por su brusquedad aparente.

El más pequeño, algunas veces tímido con las personas pero siempre tierno y juguetón, corría detrás de los otros niños aunque ellos no jugaran con él. Compartía con su hermano, con quien jugaba hasta cuando peleaban porque ya no podían entenderse. Cada vez que hacia la que sin duda seráuna inolvidable travesura -que para muchos residentes de la casa era sucia y ofensiva- se escondía detrás de un viejo armario ubicado a la entrada del Foyer o debajo de una mesa de ping-pong que estaba afuera en el jardín.

Su madre, una joven y hermosa mujer que a simple vista parecía mayor, siempre se quitaba los zapatos para subirse y sentarse en la gran mesa de la cocina, sobre la cual trituraba las especias que utilizaba para preparar sus deliciosas y aromatizadas comidas. Ella, siempre adornada con vestidos llenos de color, bordados en hilos, piedras y espejitos confeccionados por ella misma, es una persona callada, que difícilmente se comunicaba con las demás mujeres de la casa pues solo conocía su lengua.

Relato 2.

Los Aguerridos, de 15, 10 y 7 años respectivamente, se caracterizan por su exigencia y ternura. El mayor es siempre serio, estudioso, responsable y fiel admirador de su padre; la del medio es notable por el espíritu sobreprotector con el que cobija a su pequeño hermano cuando éste siente temor para jugar con los otros niños o relacionarse con los adultos; y el menor, tal como acabo de sugerirlo, es un poco tímido.

Hijos de dos valientes personas, que desde jóvenes entendieron que lo más importante para dignificar sus vidas y seguir el ejemplo de Dios, era vivir respetando los derechos Humanos y la libertad. Principios que los obligaron a emprender la que, sin duda, ha sido su más riesgosa aventura por alcanzar la libertad.

La familia salióde su país natal, luego de ser perseguidos por el régimen. Que por un lado, le limito a su madre la posibilidad de continuar formándose profesionalmente, y por otro, torturóa su padre por ser un defensor de los derechos humanos y opositor del Gobierno.

En su travesía para llegar a Suiza, país que se convirtióen su destino final, tuvieron que caminar durante 2 meses, cargando a sus espaldas el peso de sus pequeños hijos y el de las maletas que contenían las pocas prendas, comida y escaso dinero que llevaban para sobrevivir. Entre montañas y mares, cruzaron Turquía, Grecia y Serbia, siendo este último donde toda la familia fue arrestada y encerrada durante un mes, en el que el fuerte invierno los azoto; finalmente gracias al apoyo y gestión de un movimiento mundial cuya bandera es la defensa de los derechos humanos, pudieron salir de la cárcel y llegar a uno de los centros de registro para demandantes de asilo que existen en Suiza.

Con ellos y para ellos se han propiciado espacios para el reencuentro en los que las actividades de animación e integración social y cultural han sido apoyadas por el Hospice General a través de las gestiones hechas por nuestro Asistente Social. Entre las actividades que hemos realizado quiero resaltar las siguientes:

  1. Elaboración de un Mural al que llamamos “Nuestros Sueños, porque mi Vida es tu Vida”.
  2. Construcción de cuentos en los que los personajes principales eran los animales encontrados en una mañana de exploración del Jardín.
  3. Intercambio de leyendas e historias míticas de cada país que fueron primero recopiladas por los niños en compañía de sus padres y luego narradas por los pequeños.
  4. Siembra de Flores en el Jardin.
  5. Celebración de divertidas y creativas fiestas infantiles con motivo de Halloween, la Navidad y por supuesto la Fiesta de la Escalada.
  6. Tarde de Patinaje sobre hielo en un escenario deportivo.
  7. Pic-nic en la los Jardines de la Escuela de Horticultura de Presinge.
  8. Visita interactiva al Vivarium de Meyrin guiada por un guía experto.

Asímismo, para nosotras las mujeres, se han podido realizar menos actividades de las previstas debido a que nuestras dinámicas y roles en cada familia son diferentes y dependen de aspectos culturales que hay que saber entender para actuar sin riesgo a equivocarse. Entre éstas menciono:

  1. La Fiesta de Mujeres con motivo del mes de las madres, en la que conocimos nuestros nombres, nacionalidades, gustos, habilidades y talentos.
  2. La participación en la caminata “Mujeres y Deporte”organizadas por la Ciudad de Ginebra con motivo del día internacional de las mujeres.
  3. Noche de karaoke sólo para mujeres en la que cantamos, bailamos y por supuesto degustamos la comida típica de cada país presente.

Reconocer nuestras competencias

El trabajo hasta ahora adelantado me lleva a las siguientes conclusiones:

  • Los demandantes de asilo somos sujetos activos de derechos, con grandes capacidades que de ser valoradas y estimuladas, aportaran con mayor seguridad a la consolidación de una sociedad realmente incluyente y respetuosa de los derechos y de la dignidad humana.
  • El desarrollo de estrategias productivas en relación con el deporte, las artes y la cultura en las que se reconozcan y visibilicen nuestros valores y saber cultural, contribuirían efectivamente en nuestra integración y mitigarían la brecha existente entre nosotros y la comunidad que nos acoge en cada village, comunne y cartier.
  • El reconocimiento del territorio geográfico, social y cultural del lugar en el que vivimos, es fundamental para valorarlo, protegerlo, preservarlo y sobre todo fortalecer nuestro proceso de integracion en esta sociedad.
  • La discriminación y exclusión existente dentro de las escuelas, requiere la implementación de estrategias pedagógicas que contribuyan en la mitigación de este problema que tiene graves consecuencias no solo para nuestros niños y niñas, adolescentes y jóvenes, sino también para la sociedad suiza.
  • Es necesario promover acciones estratégicas que desde un enfoque diferenciado y de genero promuevan y fortalezcan la integracion e inserción de las mujeres requerientes de asilo , respetando las diferencias culturales, sociales y religiosas existentes.

IVONNE JULIPZA MURCIA ORTIZ
Licenciada en educacion para la democracia, universidad surcolombiana, Neiva, Colombia