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Notre regard

Association | Arcade sages-femmes

Breastfeeding-8Sarah Aghedo est membre du collectif Arcade sages-femmes. Cette association réunit, depuis 20 ans, des sages-femmes indépendantes qui travaillent en utilisant au maximum les ressources que possèdent les femmes, quel que soit leur origine ou leur statut social.

Aujourd’hui, Sarah rend visite à H., une jeune érythréenne qui vit seule avec son bébé. La petite famille habite aux Tattes, un grand foyer situé dans le canton de Genève qui héberge principalement des demandeurs d’asile déboutés.

Sarah commence par peser le bébé, une petite fille répondant au joli nom de Natania, «cadeau» dans la langue de sa maman. Natania grandit bien, elle a pris 90 grammes en 4 jours!

Sarah prend le temps d’échanger quelques mots avec la mère. Elle s’inquiète de son état de fatigue, de l’organisation de la vie courante et propose quelques conseils, adéquats et pratiques. Puis, elle m’explique:

«Peser le bébé, cela rassure. S’il grossit, c’est qu’il va bien. Nous sommes là pour valoriser ces mamans, leur dire qu’elles font juste, qu’elles sont des bonnes mères. Et cela n’a rien à voir avec les papiers ou un statut!».

La vie au foyer n’est pas simple, particulièrement pour une femme seule avec un premier enfant. Avec la mise en place du régime d’aide d’urgence, l’encadrement social a considérablement diminué. Et il n’ y a plus de présence régulière d’infirmières. En conséquence, le travail de Sarah a pris de l’ampleur.

«H. vient d’une culture où lorsqu’une femme a accouché, la principale chose qu’elle doit faire pendant quelques semaines est d’allaiter son enfant. Et c’est la famille élargie qui s’occupe de l’intendance! Ici, les mamans n’osent pas laisser le bébé seul pour se rendre à la cuisine commune afin de se préparer à manger. Il arrive qu’elles se nourrissent mal et soient vite fatiguées. Je leur conseille de trouver une voisine du même pays, de s’organiser à tour de rôle pour cuisiner et garder les enfants. Comme elles ont peu d’argent, j’explique, concernant les soins du bébé, que la camomille et l’huile d’olive font aussi bien l’affaire que des produits onéreux. Je vérifie également les rendez-vous avec les médecins. Nous avons aussi été amenées à alerter les intendants du foyer à propos du manque d’eau chaude le week-end».

L’expérience de la maternité est universelle, mais elle est aussi très intime. Les relations établies par Sarah reposent sur la confiance.

«Nous nous intéressons aux habitudes de chacune: les différentes manières de masser un bébé, de l’emmailloter… Nous apprenons chaque fois. Nous sommes également bien écoutées. C’est un véritable échange, qui nous permet d’aborder des sujets plus sensibles, telles que les mutilation génitales féminines. Nous pouvons alors faire un travail de prévention, d’explications, particulièrement si la maman en a elle-même été victime.»

Sarah et ses collègues sont considérées comme des bonnes fées par les familles du foyer.

Quel plus beau cadeau de naissance que la bienveillance, le respect et l’humanité partagée?

Nicole Andreetta

Enceinte à Genève. Davantage qu’un programme de préparation à la naissance!

Issu de la collaboration entre l’Arcade sages-femmes et Appartenances-Genève (1), le programme «Enceinte à Genève» propose une préparation à la naissance aux femmes allophones, quel que soit leur statut légal. Toutes les séances sont animées par des sages-femmes et relayées par des interprètes médiatrices culturelles.

«J’avais beaucoup souffert lors de mon premier accouchement. Je vivais dans un village de montagne à l’est de la Turquie. Les routes étaient coupées à cause de la neige. Tout s’est passé à la maison, en catastrophe! Je suis arrivée en Suisse, sans mari, accompagnée de mon petit garçon et enceinte de 4 mois. En même temps, j’ai reçu une non-entrée en matière à ma demande d’asile. A ce moment, je n’avais plus ni famille, ni amis et peu de soutien social. Je ne parlais pas le français et je paniquais en pensant au bébé qui allait naître. Une personne a compris mon désarroi et m’a accompagnée à l’Arcade sages-femmes. J’ai pu suivre, en turc, des cours de préparation à la naissance. L’accouchement s’est bien passé. Je suis vraiment reconnaissante pour les soins et l’attention reçus. Ma situation est toujours très précaire et mes conditions de vie bien difficiles, mais j’ai vécu la naissance de ma fille comme un moment de bonheur!»

K., femme kurde


Note:

(1) Appartenances-Genève est une association active dans le domaine psychologique, qui, entre autres, accompagne et soutient les familles migrantes.