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Le Courrier | Rejet du recours contre un lieu de détention pour requérants d’asile

Sans se prononcer sur le fond, le TAF a estimé que l’association Elisa-Asile n’est pas habilitée à recourir.

Article publié sur le site du Courrier, le 12 décembre 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Le Tribunal administratif fédéral (TAF) a déclaré irrecevable le recours de l’association Elisa-Asile contre la construction d’un lieu de détention des demandeurs d’asile sur le territoire de l’aéroport de Genève. Actuellement, ces derniers sont hébergés dans la zone de transit et peuvent y circuler librement. Les associations de défense des migrants ont aussi de larges possibilités pour leur rendre visite et les aider dans leurs démarches administratives.

Selon Elisa, le nouveau bâtiment, qui serait situé de l’autre côté du tarmac, mettrait les requérants d’asile dans une situation d’isolement inacceptable. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés – qui a rendu un avis sur ce projet en septembre 2013 – partage l’avis que l’hébergement prévu reviendrait à de la détention, car les occupants verraient leurs possibilités de mouvement drastiquement limitées.

Seuls, entourés de barbelés

Ne se prononçant pas sur le fond de l’affaire, le TAF a estimé que l’association Elisa n’était habilitée à recourir qu’au nom de ses membres. «Or les requérants sont généralement nos bénéficiaires, et pas nos membres», regrette Elodie Debiolle, qui travaille pour l’association. «Quant aux requérants, ils ne peuvent recourir, eux non plus, car ils ne résident pas en Suisse, mais dans la zone internationale de l’aéroport.»

Elisa réfléchit à la possibilité de porter l’affaire devant le Tribunal Fédéral. Mais une solution pourrait être trouvée directement auprès de l’Aéroport de Genève. Son attaché de presse, Bertrand Stämpfli, espère «pouvoir continuer dans le dialogue» et regrette «que l’arbitrage ait dû se faire devant la justice jusqu’à présent». «Nous sommes ouverts aux propositions. Le bâtiment incriminé venait d’ailleurs en réponse aux conditions de vie actuelles de ces personnes, qui sont insatisfaisantes. Il devait leur rendre un peu plus de dignité.»

«On nous explique que les requérants auront une cour de 300 m2 au lieu de 60», précise Jasmine Caye, assistante juridique de l’association. «Mais le problème est qu’on les laisse seuls, entourés de barbelés. Dans la zone de transit, ils se trouvent en compagnie d’autres voyageurs et n’ont pas ce sentiment d’exclusion totale.»
Pour compenser cet éloignement, l’aéroport a prévu quatre navettes journalières, entre le centre d’hébergement et le bâtiment principal de l’aéroport. Une mesure qui demeure insuffisante aux yeux de Jasmine Caye: «Nous devons parfois nous rendre auprès des requérants tard le soir, afin de leur remettre des documents pour une audience le lendemain, sans cela nous ne pouvons travailler correctement.» L’assistante juridique garde toutefois un certain optimisme, évoquant des rencontres constructives avec Pierre Maudet et la direction de l’aéroport. «Mais pour l’heure, il leur est impensable de renoncer à des boutiques de luxe pour placer des requérants à la place.»