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Notre regard

Watch the Med | Bilan intermédiaire du projet Alarm Phone

Le projet Alarm Phone a été lancé le 10 octobre 2014 par l’organisation Watch the Med. Géré par un réseau transnational d’activistes et de groupes de migrants situées d’une part et l’autre de la Méditerranée, ce téléphone joignable jour et nuit les 7 jours de la semaine a comme but de porter conseille et donner l’alerte quand un bateau de migrants se trouve en difficulté.

Selon le bilan intermédiaire publié le 4 décembre dernier, Watch the Med est déjà intervenue activement dans 12 cas. Le projet s’attache également à dénoncer les violations de droits humains dont sont victimes les migrants. Selon ses initiateurs, il ne s’agirait surtout pas d’une solution au problème des naufrages en Méditerranée, mais plutôt d’un plan d’urgence, une « contribution supplémentaire pour combattre un régime frontalier européen répressif ».

Le projet recherche également des personnes disposées à s’y impliquer. Si vous êtes intéressé-e à collaborer ou à faire une donation, ainsi qu’à lire le rapport complet, cliquez sur la page de Watch the Med.

« (…) Dans la plupart des cas, le Alarm Phone a été contacté pas des intermédiaires et des groupes faisant parti des communautés de migrant-e-s, par exemple établis en Suède, Italie ou Suisse.
Parmi ces contacts compte, entre autres, le Père Mussie Zerai qui depuis de nombreuses années, maintient un téléphone d’alarme, qui touche principalement les réfugié-e-s d’Eritrée.

Il a conseillé les activistes Watch The Med, et les a encouragé à lancer le projet Alarm Phone. Ainsi que le Père Zerai, de nombreux individus et groupes en Europe reçoivent de nombreux appels de personnes en détresse. Le Alarm Phone n’a pas pour but de remplacer ces structures qui, selon le cas, existent depuis longtemps dans différentes communautés et régions, et qui offrent d’importants conseils. Les deux derniers mois ont prouvé que le projet Alarm Phone peut offrir un support supplémentaire à ces structures et fonctionne en tant que catalisateur qui met en rapport des personnes qui ne se connaissaient pas avant et contribue à l’échange d’expériences et d’expertises.

L’expérience a prouvé jusque maintenant, que les défis et scénarios de coopération avec les autorités ont varié selon la situation de détresse et le lieu de l’incident: il s’est avéré que dans les cas de détresse dans la mer Méditerranée Centrale, le Alarm Phone doit immédiatement contacter les gardes-côtes italiens et maltais. Lorsque les équipes de permanences avaient l’impression, lors de l’entretien téléphonique, que les opérations de sauvetage n’étaient pas mises immédiatement en place, elles ont contacté le UNHCR ainsi que d’autres organisations afin d’augmenter la pression sur les gardes-côtes dans le but de lancer les opérations de sauvetage.

C’est à la fin de Mare Nostrum et au début de l’opération Triton menée par Frontex que le Alarm Phone a été lancé. La question se repose de savoir si «left to die» redeviendra une pratique maritime courante entre la Libye, Malte et l’Italie. Le concept du Alarm Phone, avec sa possibilité de documentation et de mobilisation en temps réel, peut s’avérer un important mode d’intervention.

Dans la mer Égée, le Alarm Phone a vécu des situations dans lesquelles les gardes-côtes grecs ont mené des opérations de refoulement illégales vers le territoire turc. Dans le cas d’appels de personnes ayant déjà atteint le territoire grec, les équipes de permanence ont tenté la prévention de refoulements en contactant les organisations, en faisant état de leur connaissance de cause, et en restant en contact permanent avec les personnes et groupes en question. Dans d’autres cas, le Alarm Phone a reçu des appels téléphoniques par des individus et groupes se trouvant sur le territoire turc, après que le refoulement ait eu lieu. Dans ces cas, les équipes de permanence ont procédé à un travail de documentation de la situation en recueillant des témoignages et en restant en contact avec les survivants d’opérations de refoulements.

Nous avons l’impression que dans tous ces cas notre soutien psychologique aux personnes nous appelant était de grande importance, ce qui ne peut être suffisamment répété. Il semble être important pour ceux qui nous appellent lors ou après des situations de danger de mort, de ne pas rester dans l’anonymat, et de faire partie d’une société civile Européenne, qui a pour but d’intervenir et de rendre public les violations des droits humains en mer. (…) »