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Comptoir

Waldau: tristement célèbre pour ses bagarres ou pour ses conditions de vie?

Dans le cadre de notre projet Le Comptoir des médias, nous avons écrit à la rédaction de 20 Minutes et à l’agence télégraphique suisse (ats) à propos d’un article sur le meurtre advenu dans le centre pour requérants d’asile de Waldau, Grisons (cliquez ici ou sur l’image ci-dessous pour lire l’article sur le site de 20 Minutes):

Waldau_20Minutes

Voici le contenu de notre intervention (04.12.2014):

L’article revient sur les événements tragiques qui se sont déroulés au centre pour requérants dits récalcitrants de la Waldau. Nous ne revenons évidemment pas sur les faits, que vous avez relatés, et qui ont conduit à la mort du jeune requérant d’asile, ressortissant irakien. Par contre, nous attirons votre attention sur la manière dont cet événement a été traité par vos médias.

De façon très sommaire, vous concluez l’article en écrivant: « Disposé dans un ensemble de containers, le centre est tristement célèbre pour les bagarres régulières qui y surviennent ». S’il est vrai que le centre est connu pour « ses bagarres », il s’avère qu’il est également tristement célèbre pour les mauvaises conditions de vie qui y règnent. Plusieurs reportages diffusés à la RTS et dans les médias romands y ont d’ailleurs prêté attention:

Tous ces reportages soulignent quelques éléments essentiels pour comprendre les circonstances qui ont mené au drame. Le centre de la Waldau, un « centre minimal » (Minimalzentrum) conçu pour requérants d’asile dit récalcitrants, ne dispose d’aucun dispositif de surveillance et surtout d’aucun personnel d’encadrement. Des éléments qui ont certainement concouru au drame qui s’est déroulé à la Waldau et qui rendent ce centre tout aussi « tristement célèbre ».

Comme le souligne Gustav Ott de l’association Verein Hilfe dans l’émission Mise au point: « Ils se débarrassent des gens qui ont des problèmes. Des problèmes psychiques pour beaucoup. C’est des gens malades, ils ont besoin de soins, de travail, d’occupation. Ils ont besoin de soutien émotionnel, de chaleur humaine, et ça ils ne le reçoivent pas ici. Les gens qui ont de tels problèmes, on ne peut pas les mettre ensemble comme cela. Cela ne fait qu’empirer les choses ». Un résident de la Waldau (permis F) remarque d’ailleurs dans la même émission que: « Il n’y a personne qui nous surveille, parfois il y a un type qui vient et qui nous donne 7.30 CHF et puis il repart. Il ne sait rien. Et si deux personnes se battent, les gens peuvent faire n’importe quoi ici. Ils ne savent pas. On vit vraiment ici comme des animaux. J’ai peur de rester ici, c’est dangereux pour moi. Cette porte, il n’y a pas de clé, quand tu dors quelqu’un peut venir. »

Notre intervention auprès de votre média vise avant tout à améliorer le traitement médiatique de la problématique de l’asile. Nous estimons que l’information au public doit être basée sur des faits et exempte de préjugés. Nous sommes convaincus que votre choix de traiter l’information susmentionnée de façon partielle renforce l’idée-reçue que les requérants d’asile seraient des personnes violentes et agressives. De plus, l’accent que vous avez décidé de mettre sur les problèmes interculturels décharge de fait les autorités de leurs responsabilités vis-à-vis des résidents du centre et de leur sécurité.

Pour une information plus juste, il nous semble important que soient rappelés tous les facteurs principaux qui ont pu conduire au drame en question et nous espérons pouvoir les retrouver dans vos prochains articles et dépêches.

Notre intervention a trouvé écho auprès du rédacteur-en-chef de 20 Minutes, qui nous a envoyé par email le message suivant:

« J’ai pris bonne note de votre message et le communiquerai ce jour en séance plénière de rédaction, afin de sensibiliser les journalistes de 20 Minutes à cette problématique » (email du 8 décembre 2014).

Aucune nouvelle, par contre, de la part de l’ats.