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Comptoir

Communiqué | Système d’hébergement genevois saturé pour 25 demandeurs d’asile de plus en 2014?

Contrairement à ce que l’Hospice général répète à loisir dans ses communications, notamment du 2 mars et du 10 mars 2015, ce n’est pas la hausse d’arrivée de demandeurs d’asile qui a saturé le dispositif d’hébergement genevois en 2014. En effet, il n’y a eu que 25 demandeurs d’asile en plus par rapport à 2013. Et 342 de moins qu’en 2012! Pourquoi l’institution genevoise persiste-t-elle à  avancer cet argument, alors que les raisons sont liées au fait que davantage de personnes arrivées en Suisse ont obtenu le droit d’y rester?

Le dernier communiqué de presse de l’Hospice général du 2 mars 2015, ainsi que sa lettre ouverte du 10 mars 2015 intitulée « Lettre ouverte au comité de soutien aux habitants des abris de protection civile ‘Stop Bunkers' » mettent l’accent sur « l’augmentation importante des arrivées depuis l’été 2014 » pour expliquer les contraintes de l’institution « à loger des personnes en abris PCi, y compris celles qui sont en procédure d’asile ».

Communiqué Hospice général du 2 mars 2015, « L’Hospice général veut pouvoir fermer ses abris PCi« :

« L’augmentation importante des arrivées de migrants depuis l’été 2014 a contraint l’Hospice général à héberger des personnes en procédure d’asile en abris PCi pour une période prolongée »

Le 15 octobre 2014, il titrait déjà, « L’afflux de requérants d’asile oblige l’Hospice général à rouvrir l’abri de protection civile de Châtelaine« :

Or, les statistiques montrent un tout autre tableau:

NllesDemandes_GE_annee

Les chiffres démontrent que, sauf pour 2012, qui a vu un nombre plus important d’arrivées (1’500 environ), Genève se voit attribuer un nombre constant de demandeurs d’asile (1’150 environ).

La (non) hausse des demandes d’asile n’est donc pas un facteur explicatif du manque de logement.

Comme nous l’avons déjà montré, chiffres à l’appui, au niveau national (v. notre décryptage « Hébergement: médias et public enfumés par la rhétorique de la hausse des demandes« ), le manque de logement est dû à deux autres facteurs.

Premièrement, une nette diminution en 2014 du taux de décisions de non-entrée en matière (NEM), et notamment des décisions NEM-Dublin. Deuxièmement, le fait que la majorité des personnes arrivant en Suisse se voient reconnaître un besoin de protection*. Autrement dit, qu’elles ont le droit de rester et de s’installer en Suisse au regard du droit d’asile.

Les chiffres détaillés genevois confirment la tendance nationale:

TxProtection_GETxNEM_GE

Comme nous l’avons rappelé dans notre décryptage, le manque de logement ne serait pas à attribuer prioritairement à une hausse des demandes d’asile, mais à des décisions structurelles (mauvaises prévisions sur le nombre de nouvelles demandes d’asile) et à des situations conjoncturelles (fluctuation du taux d’acceptation des demandes et des décisions NEM). Cette analyse se vérifie aussi pour Genève. Au lieu d’agiter le spectre de l’invasion, les institutions en charge des migrations ont la responsabilité de dire haut et fort que la plupart des personnes arrivées en Suisse et demandant une protection l’obtiennent lorsqu’on examine leurs motifs d’asile. En leur accordant le droit de rester, la Suisse a le devoir de leur assurer un accueil digne pour leur permettre de se reconstruire et de s’intégrer. Un accueil digne qui passe également par un logement décent. Et certainement pas par le maintien de places dans des abris PC, qui causent « d’importantes dégradations de [la] personnalité [des personnes y logées] et même de leur santé, d’isolement social extrême et de graves atteintes à leur autonomie notamment économique ».

* Vivre Ensemble considère nécessaire de sortir du calcul du besoin de protection les décisions de non-entrée en matière (NEM). En effet, comme leur nom l’indique, ces décisions n’examinent pas les motifs d’asile, donc le besoin de protection des personnes. Beaucoup de ces NEM, en particulier les NEM Dublin, indiquent uniquement que les motifs d’asile doivent être examinés par un autre Etat. Et aboutiront également à un statut de réfugié ou de protection subsidiaire. Pour en savoir plus, cliquez ici.