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Notre regard

Neuchâtel | Pour ses 20 ans, RECIF s’invite auprès de la population

Parole aux migrantes

En novembre 2014, l’Association neuchâteloise RECIF, qui travaille à l’intégration des femmes migrantes et de leurs enfants, a marqué ses vingt ans d’existence en organisant un «festival» d’événements dans l’ensemble du canton. L’objectif était de mieux faire connaître la vie de l’association et l’apport des migrantes. Une exposition itinérante de douze portraits de femmes migrantes, toutes participantes de RECIF, a été créée à cette occasion, dans l’intention qu’elle circule en Suisse romande dès le printemps prochain.

C’est en ville de Neuchâtel, sur l’initiative de personnes suisses et de quelques migrantes, que RECIF débute en 1994.

lTrès vite, plusieurs bénévoles rejoignent ce petit groupe, des appuis financiers arrivent et un premier centre d’accueil se met en place, offrant un espace de rencontres et diverses possibilités de cours.

Au vu de son succès, les autorités cantonales encouragent l’ouverture d’un deuxième centre à La Chaux-de-Fonds. Haut-Recif se crée ainsi en 2003. Les deux entités fusionnent en 2008. Un renforcement participant à une offre accrue d’activités: une large palette de cours de français (60 cours hebdomadaires); des espaces de rencontres et ateliers divers (notamment en rapport avec la santé); une formation d’aide ménagère (avec bourse à l’emploi); un cours pour mieux connaître la Suisse, le quotidien dans le canton, le monde du travail; ainsi que deux «espaces enfants», structure que tient à développer RECIF afin de faciliter la participation des mères à une ou plusieurs activités, aider aussi les très jeunes enfants dans leur prise d’autonomie et leur éveil préscolaire. Aujourd’hui, l’association bénéficie de l’apport de 160 bénévoles, accueille 550 participantes et reçoit 210 enfants chaque année.

De tout temps, RECIF a cherché à établir des contacts réguliers avec l’extérieur (journée portes ouvertes, fêtes, organisation de repas découvertes, édition d’un livre en 2010 Femmes de coeur et d’épices afin que les participantes de RECIF puissent transmettre leurs recettes de cuisine et leur vécu de migration (voir Vivre Ensemble, n° 129).

Pour ses 20 ans, RECIF a choisi de sortir de ses murs, en collaborant avec les réseaux culturels et associatifs locaux pour organiser des manifestations, tout en impliquant les femmes migrantes: apéritifs migration, «bains de langue» lors de marchés, théâtre et ateliers créatifs pour enfants et adultes, échanges de savoirs, découvertes gustatives…

Parmi les événements marquants: un week-end de films sur le thème de la migration dans le cadre du centre culturel de l’ABC à La Chaux-de-Fonds ( cf. ci-dessous); en parallèle, au Théâtre Populaire Romand, un brunch et une table ronde sur la question de l’identité culturelle, puis production de chants «Voix d’ici, mélodies d’ailleurs» par le groupe «les Filles du Vent», avec des femmes de RECIF. Le groupe s’est produit au fil des événements dans différents lieux du canton.

L’exposition «Derrière la migrante, la femme» (voir ci-dessous), qui s’est tenue durant plusieurs jours en ville de Neuchâtel, a également été l’occasion d’une table ronde, et de divers moments d’échanges, en présence des femmes de l’expo.

DANIELLE OTHENIN-GIRARD

Pour informations et contacts : www.recifne.ch

«Derrière la migrante, la femme»

Exposition inédite de portraits et de récits de vie, un projet conçu par RECIF, ayant reçu le soutien du Service de lutte contre le racisme du Département fédéral de l’Intérieur.

Conception des portraits: Fabiola Barrientos Loebel, artiste chilienne établie à Neuchâtel.

Récits de vie: recueillis par Florence Hügi, journaliste et coordinatrice des projets du 20ème de RECIF.

But de l’expo: remettre en question les clichés liés à la migration féminine, en montrant des profils, des parcours de vie, des personnalités, des compétences en fait très éloignées de l’étiquette de femme soumise et peu qualifiée souvent attribuée aux immigrées.

Démarche: impliquer personnellement les migrantes en les faisant réfléchir elles-mêmes sur ces «images toutes faites» qui les emprisonnent. Les amener aussi à symboliser leurs origines, le passage de la migration et leur vie en Suisse, afin de susciter réflexions et découvertes sur les eðets de la migration autour des parcours de vie féminins.

Pour informations et contacts, cliquez ici.

Neuland, Anna Thommen, Suisse, 2013

Ce documentaire nous emmène dans une classe d’intégration de jeunes migrant-e-s à Bâle.

La réalisatrice suit le vécu quotidien de ces jeunes, leurs espoirs, leurs efforts et leurs déceptions, mais aussi leur capacité à rebondir. En miroir, les efforts de leur enseignant qui, sans donner et se donner d’illusions, part constamment à la recherche de nouvelles solutions pour que ces jeunes, auxquels il s’attache de plus en plus tout en gardant une juste distance, croient en eux et en un avenir meilleur.

Avec finesse et empathie, Anna Thommen montre les jeux de complicité, la force du dialogue et la nécessité d’un lien de confiance mutuelle pour pouvoir avancer dans la complexité de ces cheminements d’intégration et dans la dureté des réalités. Un excellent documentaire pour sensibiliser aux situations vécues par les jeunes réfugié-e-s en Suisse.

Le film est sorti en DVD, cliquez ici.