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Notre regard

Le blog de Majd Aldik | Déracinement

Activiste syrien de 28 ans, originaire de Douma en banlieue de Damas, Majd Aldik a fui la Syrie fin 2014. En attente du statut de réfugié politique, il publie une chronique cet été sur Mediapart dans le cadre de l’opération OpenEurope. Voici son premier billet en arabe, puis en français.

Texte publié sur le blog de Majd Aldik le 2 juillet 2015. Cliquez ici ou pour lire le texte sur le blog de Majd Aldik, hébergé sur le site de Mediapart.

الوحدة والحرية تلك عبارات ثورية  اقام آل الأسد ونظامهم المقاوم الممانع قواعده الوهمية  , ليجثم على قلوب السوريين ويمتص دمائهم سعياً في تثبيت دعائم تلك الامبراطورية المنشودة   ,,,   الموت للاحرار ذلك فعل ملموس لآل الأسد على ما تقوله قصاصات التاريخ منذ توليهم لكرسي الحكم في سوريا وحسب ما رأيناه بأعيننا ,  منذ انطلاق الثورة السورية

 

أبي ذلك الرجل السبعيني احد ملايين السوريون  ,  لم يكن يعرف ان الهدف من دفع الضرائب وخدمة الدولة لستة وثلاثين عاماً ضمن حدواد الألفي ليرة التي كان ينتظرها كل شهر بفارغ الصبر ,  بأنها ستتكدس وتجثم على دماءنا   ليشترى آل الأسد  فيها تلك الترسانه العسكرية من الرصاصة الى الكيماوي ويوجهونها الى ساحات التظاهر , بعد ان خرجنا الى ساحات التظاهر السورية بعدما مللنا   تلك الشعارات القومية الوهمية   التي   لطالما رددها على مسامعنا جنرالات نكسة السابع والستين على مر أربعة عقود من الزمن ,   هاتفين   » لتحيا سوريا –  الشعب يريد اسقاط النظام  »

يحدث أيضاً أن يعتقل ابناءه الثلاثة كآلاف السوريين على التوالي ,  يساقون ليجثموا تحت سياط السجانين وكراسي الاعتراف  , دون ان يكون لهم حق بالتقاضي والدفاع عن النفس كما يليق بالانسان في زمن ما بعد اغلاق ويلات  الحرب العالمية الثانية , يليها  نزوحاته السبعة المتوالية  , ليستقر به المطاف في غرفة صغيرة في تركيا بعد خيانه الحظ له وابعاده عن مسيرة استمرار الانسان  في العيش على  الأرض التي ورثها عن ابيه , بعد صاروخين عنقوديين جعلت منه يبكي كطفل على أبناء حارته الذين ماتوا امام ناظريه ,  واقتلعته من تاريخه مطفئة معها حريته المنشودة

ساكنةً صامتةً مقتلعة من جذورها    تكون خاتمة رحلة هروب ذلك الرجل وامرأته المريضة  من أيدي جند السلطة في سوريا بعد أربع سنوات على بدئها عنيفة صاخبة ,  دون ان يكون لديهم بصيص  أمل صغير في أن يفتح العالم عينية ليبحث معه بين الهولوكوست السورية  عن ضميره الغائب وقد أمعن في غيابه حتى ساد الظن بانه مات دون اعلان او مراسم دفن

 

L’unité et la liberté, tels sont les vocables révolutionnaires sur lesquels la famille Assad et son régime de résistance et de refus [de l’occupation israélienne] ont établi leurs bases fictives, pour s’asseoir sur le coeur des Syriens, sucer leur sang et consolider les piliers de leur empire rêvé… « Mort aux libres! » est en revanche le mot d’ordre pratique et palpable des Assad, comme peuvent en témoigner les coupures de presses depuis qu’ils ont pris le pouvoir en Syrie, et comme nous avons pu le voir nous-mêmes depuis le début de la révolution.

Mon père, ce septuagénaire, un homme parmi des millions de Syriens, ne se doutait pas que les impôts qu’il payait et que les services rendus à l’Etat durant 36 années de sa vie pour un salaire de 2000 livres syriennes et qu’il attendait chaque mois avec impatience, allaient s’accumuler et s’abattre sur nos corps d’un seul coup. Ils ont servi aux Assad à s’acheter cette machine de guerre qui va de la balle de plomb jusqu’aux produits chimiques, pour la diriger sur les manifestations populaires.

Car nous sommes finalement sortis sur les places de rassemblement. Nous en avons eu marre de ces slogans patriotiques creux que nous ont inlassablement répétés durant quatre décennies ces généraux de la défaite de 1967. Nous avons crié « Que vive la Syrie – Le peuple veut la chute du régime »!

Mon père fut le témoin de l’arrestation de trois de ses fils, qui tels des milliers de Syriens, dans une suite ininterrompue, ont été conduits sous les fouets des geôliers, sur les chaises des interrogatoires, sans jamais avoir le droit d’être jugés ni de se défendre, comme il siérait à tout être humain né dans le monde qui a succédé aux horreurs de la seconde guerre mondiale.

Il eu ensuite à fuir sept fois d’affilée, de déplacement en déplacement, pour atterrir en bout de course dans une petite pièce en Turquie, après que la chance l’ai trahi et l’ai privé de son droit à continuer de vivre sur la terre héritée de son père, après que deux bombes à fragmentation aient réussi à le faire pleurer comme un enfant face aux gens de son quartier morts devant lui. Il a été arraché à son Histoire et sa liberté brandie à été éteinte.

Immobile, silencieuse et déracinée, c’est à ça que ressemble la fin du voyage de cet homme fuyant les soldats du pouvoir syrien, accompagné de sa femme malade, après quatre ans d’un début bruyant et fracassant. Il n’aura pas eu la moindre lueur d’espoir que le Monde ouvre ses yeux pour venir chercher, à ses côtés, dans les replis de l’holocauste syrien, sa conscience absente. Une absence de conscience qui nous a tant ébahis que nous avons fini par nous convaincre qu’elle était morte, sans prévenir, sans cérémonies d’enterrement.