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Documentation

Le Courrier | No Bunkers dénonce le harcèlement de ses membres

Selon le collectif, une trentaine de requérants militants auraient été arrêtés depuis le début du mouvement. Il réclame toujours une solution pour l’hébergement.

Article de Camille Layat, paru dans Le Courrier, le 6 août 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Pablo Cruchon et Aurélie, qui s’exprimaient hier au nom du collectif No Bunkers, en avaient après le conseiller d’Etat Pierre Maudet. Ils disent être fatigués de le voir marteler que les conditions de vie en abri PC ne posent pas de problème et dénoncent de nombreuses intimidations et arrestations de la part des forces de l’ordre.

Harcèlements et arrestations

Selon le mouvement, Pierre Maudet, conseiller d’Etat en charge de la Sécurité, nie les souffrances tant physiques que psychiques que peuvent ressentir les requérants d’asile enfermés, souvent sur des longues durées, en abri PC. «Et non content d’imposer cette ligne au reste du Conseil d’Etat, il accroît les arrestations des membres du mouvement», explique Pablo Cruchon. Pierre Maudet, absent, ne s’est pas exprimé. Son cabinet nous fait savoir que le canton de Genève est le canton d’exécution des renvois, et qu’il ne fait qu’appliquer les directives du Secrétariat d’Etat aux migrations.

Le conseiller d’Etat exercerait une forte pression sur son confrère Mauro Poggia, chargé notamment de l’hébergement des migrants, pour obtenir une liste des participants de No Bunkers. «Nous avons comptabilisé une trentaine d’arrestations de requérants engagés depuis le début du mouvement, et sept depuis deux semaines», continue-t-il. No Bunkers affirme que ces arrestations ont parfois lieu devant des administrations dans lesquelles les requérants sont obligés de se rendre. Pour Aurélie, «cette pratique va à l’encontre des droits de l’homme les plus basiques.» Pablo Cruchon résume: «Loin de tenter d’échapper à la justice, ces gens lèvent la tête et se mettent en avant. Les intimidations, les arrestations et les expulsions doivent cesser. On ne peut pas entrer en discussion avec une association qui les représente tout en continuant à les expulser.» Le collectif n’a rencontré, du Conseil d’Etat, que Mauro Poggia et Antonio Hodgers, chef du Département de l’aménagement, du logement et de l’énergie. Les membres du collectif souhaitent maintenant pouvoir entamer des discussions avec Serge Dal Busco, chargé des Finances, et Pierre Maudet.

Le cas de Mohamed

Afin d’illustrer leurs propos, Pablo Cruchon et Aurélie rapportent le témoignage de Mohamed, accusé à tort de vol et violenté par la police. Ce cas a, en partie, été relaté dans notre édition du 30 juillet.

Après que Mohamed a été accusé de vol par un inconnu, des policiers l’ont menotté et embarqué dans un commissariat. Il dit avoir fait l’objet d’insultes – «sale voleur», «rentre chez toi» – et subi des coups des policiers. Selon son témoignage, il n’a pas pu voir de médecin, malgré ses demandes, et a été entendu sans son avocate. Il est condamné à un mois de prison pour infraction à la Loi sur les étrangers (LEtr). Le certificat médical de Mohamed atteste que ses blessures (bleus à la tête, au cou, au thorax…) sont compatibles avec son récit. Il est aujourd’hui incarcéré au centre de détention de Favra et a entamé une grève de la faim.

No Bunkers demande l’arrêt du harcèlement et des arrestations pratiquées par la police et la libération des personnes incarcérées. Enfin, ils réclament toujours une solution pragmatique pour l’hébergement des migrants. En effet, la salle du Faubourg, où sont actuellement logés une cinquantaine de migrants, n’est mise à leur disposition que jusqu’à mi-août.

Le cabinet de Pierre Maudet dément les allégations du collectif quant à la grève de la faim ou le passage à tabac de Mohamed.

V. aussi l’article « Renversé | Genève: La police tabasse et enferme les migrants en lutte« , publié sur notre site le 6 août 2015.