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Comptoir

Répartition des centres fédéraux: peut-on réellement parler d’un afflux de requérants?

Dans le cadre de notre projet Le Comptoir des médias, nous sommes intervenus auprès d’un journaliste de la RTS à propos de l’article intitulé « La répartition des centres fédéraux d’asile se fait attendre » (Journal du matin du 11 février 2015).

Journal du Matin, RTS, 11.02.2015, présenté par Simon Matthey Dorey

Journaliste qui a signé l’article sur RTSinfo: Pietro Bugnon

 Déclarations de Charles Julliard, Ministre de justice et police:

« Le nombre de demandes d’asile augmente, les Cantons ont déjà été invités à trouver des places supplémentaires. La nouvelle procédure devrait permettre de gagner du temps sur les procédures et de limiter cet afflux supplémentaire. Plus vite on pourra mettre en place la nouvelle procédure, plus vite on aura aussi défini ces centres et mieux ça sera pour faire face à cet afflux supplémentaire de requérants d’asile« 

Contenu de notre intervention, adressée à M. Bugnon:

L’émission portait sur la répartition des centres fédéraux d’asile. Dans l’article paru sur le site, vous écrivez: « Contacté par la RTS, Charles Juillard, ministre jurassien de Justice et Police, estime que ‘plus vite on aura défini ces centres, mieux ça sera pour faire face à l’afflux supplémentaire de requérants d’asile ».

Entre temps, Vivre Ensemble a présenté, lors d’une conférence de presse à laquelle votre rédaction était conviée, un décryptage sur l’hébergement des requérants d’asile. Nous y relevions, chiffres à l’appui, que la hausse de 11% qu’a connue la Suisse en 2014 ne saurait être qualifiée « d’afflux », dans la mesure où ce terme fait référence à une vague importante voire incontrôlée de demandeurs d’asile. Or, on est loin de ce cas de figure en Suisse.

Par ailleurs, dans notre décryptage, nous analysions les raisons pour lesquelles les cantons ont eu des difficultés à héberger les demandeurs d’asile en 2014. Notamment, une nette diminution en 2014 du taux de décisions de non-entrée en matière (NEM), et le fait que la majorité des personnes arrivant en Suisse se voient reconnaître un besoin de protection. Autrement dit, qu’elles ont le droit de rester et de s’installer en Suisse au regard du droit d’asile.

Même dans le contexte de la restructuration à laquelle M. Juillard fait référence, ces personnes auraient de toute manière été attribuées aux cantons, et ne seraient pas restées dans les centres de la Confédération.

Nous vous invitons à lire notre décryptage thématique « Hébergement: médias et public enfumés par la rhétorique de la hausse des demandes« , publié dans notre dernier numéro de Vivre Ensemble et désormais disponible online, ainsi que l’éditorial de notre dernier numéro pour plus de détails sur ces questions.

Nous sommes convaincus, et c’est la raison pour laquelle nous nous adressons directement à vous, que votre rôle est de favoriser une information du public dénuée d’approximations, basée sur des faits. C’est pourquoi nous nous sommes permis de vous adresser cette information.

Notre intervention n’a pas reçu de réponse de la part de M. Bugnon.