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Le Courrier | Un requérant d’asile débouté de No Bunkers est bien en grève de la faim depuis 25 jours

Contrairement à un premier démenti de l’Etat de Genève, un requérant d’asile débouté refuse de s’alimenter depuis sa mise en détention administrative et a dû temporairement être transféré à l’hôpital. Il s’oppose à son renvoi en Tunisie.

Article de Pauline Cancela, publié dans Le Courrier, le 20 août 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Cela fait plus de trois semaines que Mohamed a entamé une grève de la faim dans l’indifférence générale. Mal en point, ce requérant d’asile débouté a dû être transféré mercredi aux Hôpitaux universitaire genevois (HUG) pour un contrôle de santé. En détention administrative depuis fin juillet, ce membre du mouvement No Bunkers s’oppose à son renvoi en Tunisie et refuse effectivement de s’alimenter depuis son arrestation. Son cas avait été dénoncé par le collectif, mais immédiatement démenti dans nos colonnes par le Département de la sécurité et de l’économie. Ce dernier reconnaît aujourd’hui «une erreur dans la transmission de l’information».

«Nous ne nous prononçons pas sur les cas particuliers, mais confirmons qu’il est en grève de la faim», indique aujourd’hui la porte-parole Emmanuelle Lo Verso, revenant ainsi sur ses propos du 6 août. Arrêté en juillet pour des motifs pénaux, Mohamed a été placé en détention administrative à Favra en vue de son renvoi en Tunisie, prévu à la fin du mois.

«Il refuse de s’alimenter depuis son arrestation. Avant son transfert à l’hôpital, il avait perdu 13 kilos», commente son avocat Pierre Bayenet, qui a vu son client mercredi à Favra. «Que l’Etat ait d’abord nié cette information montre que le département ne sait pas ce qu’il se passe dans ses prisons!»

Le DSE reconnaît son erreur

Invoquant le flou des vacances d’été, le DSE reconnaît son erreur. Mais souligne toutefois que le principal intéressé est en bonne santé et qu’il devrait retourner à Favra dans la soirée après son passage au sein de l’Unité carcérale hospitalière. Le département suspecte que Mohamed, qui s’hydraterait suffisamment, continue de se nourrir avec l’aide de codétenus.

Requérant d’asile débouté en 2013, il fait partie des militants de No Bunkers qui se sont opposés à leur transfert du Foyer des Tattes en abri PC. D’après son avocat, qui le voit très affaibli, il semble «déterminé» à poursuivre sa grève de la faim. L’homme de 35 ans refuserait de subir des injections pour l’aider à retrouver des forces.

Contacté, le Service de presse des HUG n’a pas souhaité commenter l’affaire, invoquant son devoir de réserve.

« Il veut être traité comme un être humain »

Pour Pierre Bayenet, la démarche désespérée du migrant est révélatrice de son état de détresse et de l’absence d’égards vis-à-vis des personnes renvoyées. «Il a besoin d’un cadre et de soutien. Mohamed est perdu, en Suisse comme en Tunise. Il souhaite simplement qu’on le traite comme un être humain. Voilà le sens de cette affaire.»