Aller au contenu
Documentation

Le Courrier | Le collectif R s’invite à l’Uni de Lausanne

Un auditoire du bâtiment Geopolis est occupé depuis hier matin par les défenseurs des migrants, qui appellent le monde académique à soutenir une «politique d’hospitalité». Ils entendent rester jusqu’à jeudi.

Article de Mario Togni, publié dans Le Courrier, le 24 novembre 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

[caption id="attachment_27840" align="alignright" width="300"]L'occupation de l'UNIL, 23-24 novembre 2015. L’occupation de l’UNIL, 23-24 novembre 2015.[/caption]

Le refuge Saint-Laurent fait un détour par l’Université de Lausanne (Unil). Hier matin, sur le coup de 7 h 15, une cinquantaine de militants et de migrants du collectif R ont occupé un auditoire du bâtiment Geopolis, à Dorigny. Ils comptent y rester jusqu’à jeudi soir, afin d’appeler la communauté académique à prendre position en faveur d’une «politique d’hospitalité». Des migrants devaient aussi y passer la nuit, comme en témoignent les matelas amenés sur place.

Au cœur de Lausanne, la salle de paroisse de l’église Saint-Laurent n’est pas désertée pour autant. Le refuge, ouvert en mars dernier pour abriter 5 à 6 requérants d’asile menacés de renvoi dans divers pays européens, reste en place, malgré la plainte annoncée récemment par l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). Par cette nouvelle action à l’Unil, le collectif R entend relancer la mobilisation.

«Nous nous battons pour que la Suisse renonce à appliquer les accords absurdes de Dublin», répète Pauline Milani, l’un de ses membres. A ses côtés, deux jeunes Afghans menacés de renvoi en Hongrie, le premier pays européen par lequel ils ont transité, témoignent de leur désarroi. «Jamais je n’aurais pensé être maltraité en Europe», souligne Mohsen Khoshi, 17 ans, qui a été enfermé durant deux jours à son arrivée en Hongrie, avec pour seule nourriture du pain et de l’eau.

Créer le débat

«Nous sommes venus pour créer le débat et rencontrer les personnes qui travaillent et étudient ici, pas pour perturber la bonne marche de l’université», poursuit Pauline Milani. Des salles ont dû être trouvées en urgence hier matin pour accueillir les cours prévus dans l’auditoire 1612, transformé en local militant. Dans les couloirs adjacents, banderoles et tracts ont envahi les murs, alors qu’un repas solidaire était servi à midi.

Lancé hier matin, un appel de soutien a déjà été signé par environ 500 personnes, dont de nombreux étudiants, assistants et quelques professeurs. En venant à l’université, le collectif R entend «ouvrir sa révolte à la société civile plus largement», ajoute Graziella de Coulon, alors que les discussions avec le Conseil d’Etat semblent bloquées. L’université, lieu de diffusion du savoir, a en ce sens une vocation symbolique. D’autres actions pourraient suivre.

Durant quatre jours, le collectif R organise des rencontres, des projections et des débats, alors que des professeurs de l’Unil ont décidé d’y donner un séminaire ou une conférence. C’est notamment le cas de Monika Salzbrunn, directrice de l’Institut de sciences sociales des religions contemporaines, et de Jean Batou, professeur d’histoire contemporaine. «Notre présence ici se fait avec la communauté universitaire», assure Pauline Milani.

L’Unil devant le fait accompli

Le rectorat de l’Unil regrette de son côté d’avoir été mis devant le fait accompli et fait état d’un certain «ressentiment» parmi les membres de l’université, «divisés sur la question». «Nous ne pouvons pas cautionner la manière dont le collectif a pris possession de nos locaux afin d’en faire un lieu de visibilité médiatique, même si l’on peut comprendre le désir d’ouvrir un débat», réagit Danielle Chaperon, vice-rectrice.

En matinée, la direction a été avertie de l’occupation par un mail «courtois», ajoute-t-elle. Le rectorat voit particulièrement d’un mauvais œil le fait que des personnes passent la nuit à l’université. Malgré tout, il ne semble pas à l’ordre du jour d’en appeler aux forces de l’ordre. «Nous allons prendre contact avec les responsables du collectif rapidement pour connaître leurs intentions», conclut Danielle Chaperon.

L'occupation de l'UNIL, 23-24 novembre 2015.
L’occupation de l’UNIL, 23-24 novembre 2015.