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Passeurs d’hospitalité | Expulsions de la Jordanie vers le Soudan: protestation des Soudanais-es à Calais

C’est une situation qui interroge la politique européenne, qui consiste à déléguer aux pays voisins la charge de stopper les réfugiés et de les empêcher d’arriver jusqu’en Europe: la Jordanie vient d’expulser, le 16 décembre, 800 réfugié-e-s soudanais-es vers le Soudan, en violation du droit international. La faute de ces réfugiés est d’avoir manifesté pacifiquement pour de meilleures conditions de vie.

Article publié sur le blog Passeurs d’hospitalité, le 27 décembre 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le blog Passeurs d’hospitalité.

L’information a surtout circulé sur les médias de langue arabe et anglais (v. notamment ici). Les exilé-e-s soudanais-es ont eu la nouvelle par internet.

Ils et elles ont rédigé une déclaration et demandent de la faire circuler largement:

« Le silence tue le peuple du Darfour: appel à agir! »

Ci-dessous, la déclaration d’un groupe de militants soudanais résidant  dans la jungle de Calais, pour protester contre l’expulsion de 800 réfugiés soudanais de Jordanie.

Nous demandons aux associations, aux organisations et aux individus qui soutiennent les luttes des réfugiés de manifester leur opposition à l’expulsion de 800 réfugiés de Jordanie vers le Soudan; de prendre la mesure de l’oppression engendrée par le gouvernement soudanais; de manifester leur désaccord devant les ambassades de Jordanie et les bureaux du UNHCR?

D’est en ouest, c’est chez soi que l’on est le mieux.

Nul ne hait son pays d’origine. Si nombreux sont ceux qui le quittent, c’est pour de bonnes raisons.

Si l’on quitte son pays d’origine, c’est pour trouver ailleurs une protection.

La majorité des Soudanais qui ont été expulsés vers le Soudan avaient  suivi les procédures de demande d’asile et étaient passés par les locaux de l’UNHCR à Amman; nombreux sont ceux qui avaient obtenu le statut de réfugié et étaient en possession des «blue cards» de l’ONU.

Pourtant, ils ont été emmenés de force, devant les bureaux onusiens, et conduits à l’aéroport pour être rapatriés.

Quel est le rôle de l’ONU dans cette sale affaire?

Peut-on parler de «nations unies» ou doit-on parler davantage d’une union pour éradiquer toute une génération?

Si la finalité de l’ONU est d’unir les nations, son rôle est donc de venir en aide aux plus vulnérables dès qu’elle le peut, et de prendre une position claire contre les gouvernements de Jordanie et du Soudan.

De l’endroit où les gouvernements européens nous tiennent à part, nous écrivons cet appel pour en finir avec nos pires ennemis: le silence, l’immobilisme.

Le silence qui a tué le peuple du Darfour poursuit les réfugiés du  Darfour en Jordanie.

Le silence a rendu nos problèmes encore plus compliqués et a empiré la situation de nos frères, nos sœurs, des êtres qui nous sont chers.

Ils ont été expulsés de Jordanie dans l’enfer soudanais bien qu’ils soient réfugiés. La plupart d’entre eux ont une carte de l’ONU et ne peuvent vivre au Soudan à cause du gouvernement soudanais et à cause du Darfour.

Nous demandons, nous exigeons que l’ONU trouve des solutions; l’ONU  n’est pas capable de s’affirmer contre les mesures de gouvernements contre lesquels nous demandons une protection; nous demandons aussi le soutien des organisations et des juristes. Nous demandons de meilleures conditions pour les réfugiés.

Nous espérons que les médias sortiront cette fois du silence; qu’ils entendront nos voix et décriront avec justesse ce que nous sommes, ce que nous voulons.

Nous dépendons de l’image donnée par les médias. La vie de ces réfugiés dépend elle des Nations Unies et nous souhaitons que celles-ci agissent pour proposer des solutions.

Pourquoi les médias sont-ils restés muets quant à l’expulsion des réfugiés de Jordanie au Soudan?

Quel est le rôle des organisations de défense des droits de l’homme dans ce qui s’est passé?

Les Nations Unies se doivent d’écouter les réfugiés et de les soutenir.

Renvoyer les Soudanais au soudan c’est les envoyer en enfer; les réfugiés soudanais ont fui la guerre du Darfour, les régions du Sud-Kordofan et du Nil Bleu. Les voici renvoyés à l’enfer de la guerre.»