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Notre regard

Union européenne | 0,1% des promesses de relocalisation tenues

Le plan de relocalisation de l’Union Européenne avance à très petits pas. 159 personnes sur les 160’000 réfugiés qui devaient être relocalisés depuis la Grèce ou l’Italie ont effectivement été accueillis par les pays de l’UE. L’objectif de la délocalisation est de décharger ces pays.

Au 30 novembre 2015, la Commission européenne (1) indiquait que sur les 160’000 personnes prévues pour une relocalisation depuis la Grèce et l’Italie, 159 avaient été relocalisées: 129 depuis l’Italie et 30 depuis la Grèce. Et que seules 3616 nouvelles places d’accueil dans 14 pays avaient été créées.

Pour rappel, seuls les réfugiés syriens, érythréens et irakiens peuvent bénéficier de ces mesures. En effet, la relocalisation ne concerne que les nationalités dont le taux de protection internationale accordé en première instance par les pays de l’UE est supérieur à 75%.

Encore personne en Suisse!

Toujours selon les chiffres de la Commission européenne, aucun « relocalisé » n’avait encore franchi les frontières helvétiques au 30 novembre 2015. Pour rappel, le 18 septembre 2015, le Conseil fédéral annonçait fièrement «participer au premier programme de répartition des réfugiés mis sur pied par l’Union européenne» en accueillant 1500 réfugié-e-s depuis la Grèce ou l’Italie.

Une générosité qui relève avant tout du calcul d’épicier. En effet, ces 1500 personnes seront déduites du contingent de 3000 réfugiés réinstallés depuis les pays limitrophes de la Syrie, dont l’accueil avait été annoncé le 6 mars dernier par Madame Simonetta Sommaruga. Et elles devront, pour être relocalisées, avoir au préalable été enregistrées par l’Italie et la Grèce, entendez dans les hotspots.

Une façon de mettre la pression sur les réfugiés et les pays en question, à qui il est reproché de ne pas correctement s’affranchir de cet enregistrement.

Effet d’annonce et calcul d’épicier

Au final, les 3000 réfugiés sensés arriver en Suisse de façon facilitée le seront selon trois modalités (2):

  • 1500 personnes (annonce du 18 septembre 2015) seront relocalisées;
  • 1019 personnes (au lieu des 2000 initialement annoncées en mars 2015) pourront bénéficier d’une réinstallation depuis les camps de réfugiés du Liban, de Jordanie ou de Turquie et obtiendront en Suisse un statut de réfugié;
  • 500 personnes (au lieu des 1000 initialement annoncées en mars 2015) pourront demander un visa humanitaire pour rejoindre leur famille (nucléaire) déjà en Suisse et obtiendront, à leur arrivée, une admission provisoire.

Luma Pillet et Sophie Malka


Notes:

(1) Tableau au 30 novembre 2015: http://europa.eu/rapid/press-release_IP-15-6134_fr.htm

(2) Voir également le décryptage du Comptoir des médias: Relocalisation, réinstallation et visas humanitaires: Combien de réfugiés syriens la Suisse s’apprête-t-elle à accueillir?, 22 septembre 2015.