Aller au contenu
Notre regard

Le Courrier | Pour Stopexclusion, «cette réforme n’a rien d’un progrès»

Selim Neffah est le président de Stopexclusion qui s’est réunie en assemblée générale mardi passé pour prendre position sur la réforme de la loi sur l’asile, soumise au vote populaire le 5 juin prochain, alors que les milieux de défense du droit d’asile sont divisés. Le Conseil fédéral souhaite accélérer les procédures. Une assistance juridique gratuite est prévue.

Interview de Florian Erard à Selim Neffah, président de Stopexclusion, publié dans Le Courrier, le 15 avril 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Quelle est la position de Stopexclusion sur la réforme du Conseil fédéral? Quels ont été les arguments déterminants?

L’assemblée a penché pour le non. De nombreuses incertitudes planent en effet: à quoi va ressembler cette assistance juridique gratuite? S’agira-t-il de fonctionnaires chargés de mieux faire accepter les décisions du Secrétariat d’Etat aux migrations ou une véritable défense juridique sera-t-elle mise en place? Et puis, on parle d’accélération des procédures, mais les requérants qui doivent parfois fournir des documents ne peuvent pas agir plus vite que les administrations étrangères auxquelles ils doivent les demander. S’il y a une réduction du temps de traitement des demandes d’asile, elles se feront au détriment des requérants. Cette réforme n’a rien d’un progrès. L’inscription des mesures urgentes, votées en 2013, dans cette loi – comme la fin des demandes d’asile en ambassade ou la suppression de la désertion comme motif d’asile – nous ont aussi fait pencher vers le non.La Suisse ne doit pas faillir à son devoir de solidarité et d’accueil.

La gauche et les milieux de défense du droit d’asile sont divisés. Tout à droite, l’UDC s’oppose à la réforme. Où vous placez-vous?

Notre opposition à la réforme est idéologique, avec l’espoir que ce non de gauche soit crédible et entendu. Et cela bien que des gens penchent pour le oui. C’est le cas des Socialistes, des Verts ou d’Amnesty. Leurs raisons sont stratégiques: ils espèrent remporter quelques avancées, notamment avec la gratuité des avocats.

À noter que le non que nous défendons n’a rien à voir avec celui de l’UDC qui ne supporte pas l’idée d’une assistance juridique gratuite et qui s’oppose à la réforme par référendum.

L’assemblée générale de Stopexclusion a-t-elle eu du mal à se prononcer?

En effet, les discussions ont été vives. Elles reflétaient parfaitement la gauche divisée et sans consensus. De mémoire, jamais nous n’avons eu autant de peine à prendre position.