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Notre regard

RTS | Témoignage d’un réfugié syrien: « La police turque nous a tiré dessus »

Depuis que la Turquie a fermé ses frontières l’été dernier, il est très difficile pour les Syriens de trouver refuge en lieu sûr. Témoignage d’un réfugié refoulé par la force avec une quinzaine de personnes dont des enfants.

Reportage de Marie Forestier, passé sur les ondes de la RTS, le 13 mai 2016. Cliquez ici pour voir le reportage sur le site de la RTS.

RTS_Turquie_Tirs sur les refugies

Il y a deux mois, ce Syrien a voulu fuir les bombardements dans son pays: « Il y avait deux jeunes enfants de 4-5 ans avec leur mère et un vieil homme. En tout, on était neuf », explique-t-il à la RTS.

A la frontière turque, le groupe a été repéré par la police: « Les gendarmes nous ont aperçus et ont braqué de la lumière vers nous. Ils ont commencé à crier et nous ont tiré dessus, explique-t-il. Alors on s’est couché au sol, et les enfants ont commencé à pleurer. Le passeur leur a dit de ne pas faire de bruit pour que les gendarmes ne nous trouvent pas ».

Vite repérés en Turquie

Après avoir finalement atteint le territoire turc, le groupe a vite été repéré: « Les gendarmes nous ont emmenés à la gendarmerie et nous ont forcés  à signer un papier avec nos noms, mentionnant qu’on leur demandait, de notre plein gré, de nous ramener en Syrie. Ils nous ont mis dans un bus qui nous a conduits jusqu’à la frontière. Puis, nous sommes retournées en Syrie à pied », rapporte-t-il.

Ces faits ont été fermement démentis par la Turquie.

Commentaire de Maire Forestier (RTS, 19h30, 13.05.2016):

L’Union européenne est mal placée pour dire quoi que ce soit parce qu’elle accueille extrêmement peu de réfugiés sur son sol et elle renvoie même ceux qui se trouvent en Grèce. C’est évident que cette politique de la frontière fermée de l’Europe incite la Turquie a faire de même. Parce qu’Ankara sait que les réfugiés qui arrivent sur son sol ne partiront pas ailleurs et ont vocation à rester. Bruxelles est responsable de la politique de la frontière fermée de la Turquie. Et Bruxelles a de quoi être embarrassée aussi à cause de l’accord qu’elle a passé avec Ankara sur les migrants qui se trouvent en Grèce et qui doivent être reconduits en Turquie, car cet accord est contraire au droit international si, comme on l’a vu, la Turquie tire sur les Syriens qui veulent se réfugier sur son sol ou bien force les réfugiés à rentrer dans leur pays en Guerre. Car dans ce cas la Turquie ne peut pas être considérée comme ce que l’on appelle un pays tiers sûr. Or, c’est contraire au droit international de renvoyer des réfugiés dans un pays qui n’est pas considéré comme sûr.

Voir aussi le billet « HRW | Turquie: Les gardes-frontières tuent et blessent les demandeurs d’asile« , publié sur notre site, le 12 mai 2016.