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HCR | Deux ans après la prise de Mossoul, la difficile survie des déplacés iraquiens

Quelque 500’000 personnes environ ont fui lorsque les forces extrémistes ont pris d’assaut la deuxième ville d’Irak en juin 2014. Depuis, beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises et ils sont confrontés à des difficultés économiques.

Communiqué du HCR publié le 10 juin 2016. Cliquez ici pour lire le communiqué sur le site du HCR.

Ahlam Tariq Ali, déplacée iraquienne et mère de six enfants, bénéficiait autrefois d’une « vie de luxe » selon elle à Mossoul, la deuxième ville d’Iraq, au nord du pays. Toutefois ce mode de vie a pris fin lorsque des militants ont pris d’assaut la ville il y a deux ans.

De violents combats de rue ont eu lieu dans son quartier localisé près d’une base militaire. Elle a alors fui à pied avec sa fille, Zeinab, qui est avocate, en serrant contre elle leurs documents d’identité.

Laissant deux de ses fils derrière elle, Zeinab a littéralement couru pour sauver sa vie. Elle a d’abord trouvé la sécurité à Erbil, dans la région du Kurdistan d’Iraq, avant de rejoindre Bassorah, la ville natale de son défunt mari, au sud du pays.

«Ces militants extrémistes ont détruit notre vie», explique Ali. Avec sa famille, elle compte parmi environ un demi-million de personnes qui ont été chassées de leurs foyers lors de la prise de Mossoul par les militants le 10 juin 2014, après une semaine de combats acharnés.

Deux ans après, les résidents continuent de fuir la ville et ses environs, alors que les forces de sécurité iraquiennes combattent pour reprendre Mossoul. Depuis le début de l’offensive à la fin mars, plus de 14’000 personnes ont été enregistrées dans des camps au nord et au sud de la ville, ainsi qu’en Syrie de l’autre côté de la frontière.

Selon une enquête récente du HCR, les personnes ayant fui Mossoul – comme Ali et sa fille – sont trois fois plus susceptibles que d’autres familles à envisager de se déplacer dans un autre lieu en Iraq. Elles sont également près de quatre fois plus susceptibles de quitter le pays.

Le chômage est le principal problème auquel sont confrontées les familles déracinées et dispersées à travers l’Iraq, un pays où plus de 3,3 millions de personnes – soit environ 10 pour cent de la population – sont déplacées par le conflit depuis début 2014.

Parmi les résidents de Mossoul qui luttent pour subvenir à leurs besoins en exil, il y a Mohammed Khudur, qui est père de quatre enfants. A 27 ans, cet ancien ouvrier agricole vit désormais dans un camp de déplacés près de la capitale iraquienne, Bagdad.

«La vie n’est pas si facile ici», explique Mohammed Khudur. «L’eau potable est livrée par des camion-citerne. Mais ce qui est le plus difficile, c’est d’acheter des produits de première nécessité à mes enfants car je suis malade et je ne peux pas travailler.»

Beaucoup souffrent d’avoir perdu leur chez-soi. L’épouse de Mohammed Khudur, Tswahen, explique que ce qui lui manque le plus, c’est «notre maison, la terre et une société qui nous comprend.»

Au niveau psychologique, le bilan est lourd également. Ali a finalement retrouvé ses deux fils, dont l’un d’entre eux a été torturé. Depuis, il a trouvé refuge en Suède. Sa fille, Zeinab, continue de faire des cauchemars deux ans après avoir fui leur domicile.

D’autres problèmes rencontrés par les résidents déplacés comprennent le manque d’accès à l’éducation. Les enfants originaires du district de Mossoul et en âge scolaire de six à 17 ans, sont environ 30 pour cent moins nombreux à accéder à l’éducation par rapport aux enfants déplacés venus d’ailleurs. Par ailleurs, les enfants de la région de Mossoul sont deux fois plus susceptibles de subir des mariages précoces que d’autres jeunes déplacés.

Les forces iraquiennes appuyées par les forces alliées combattent actuellement pour reprendre Falloujah, pour ce que certains considèrent comme un prélude dans les prochains mois à un assaut contre Mossoul, le dernier bastion des militants en Iraq.

L’écrasante majorité des personnes ayant répondu à une enquête menée par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré ne pas prévoir actuellement de rentrer chez elles. Certaines, cependant, ont parlé avec nostalgie d’un espoir de retour – si la situation de sécurité sur le terrain s’améliore.

«Est-ce que je veux revenir en arrière? Selon notre adage, « mon fils est malade et j’espère qu’il est en train de guérir», explique Mohammed Kudhur. «Je suis en attente que mon fils guérisse. Je vais rester ici jusqu’à ce que la sécurité soit rétablie pour le retour.»

Pour en savoir plus sur le sort des personnes qui fuient Mossoul, cliquez ici.