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Notre regard

Le Courrier | «La démolition du foyer Frank-Thomas peut être évitée»

Le foyer genevois est voué à la destruction à cause du chantier du CEVA. Selon le PS et le collectif Perce-Frontières, des alternatives sont envisageables.

Article de Sarah Jelassi, publié dans Le Courrier, le 1er juillet 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

«Hospice partout, justice nulle part». C’est en scandant ce slogan qu’une cinquantaine de personnes se sont réunies devant l’Hospice général ce jeudi pour soutenir les habitants du foyer Frank-Thomas, menacés d’expulsion immédiate.

Selon les CFF, la parcelle doit être libérée fin 2016 afin de permettre l’installation des machines et l’accès au chantier du CEVA. Le Parti socialiste (PS) et le collectif Perce-Frontières assurent cependant que la démolition peut être évitée, moyennant une somme d’un million de francs.

Aucune solution de relogement

L’Hospice général poursuit l’évacuation du foyer à marche forcée. Le 29 juin, les habitants ont reçu un courrier demandant l’évacuation totale de la résidence pour le lendemain.

Il y a quelques semaines, les locataires restants ont refusé leur transfert au foyer Appia, seule solution de relogement proposée par l’Hospice. Alors qu’ils étaient logés dans des chambres individuelles, les résidents se voyaient contraints de partager leur espace avec trois autres personnes (voir notre édition du 13 juin).

Dans la lettre adressée aux habitants, que Le Courrier a pu consulter, l’Hospice rappelle que «si les habitants refusent les chambres disponibles, elles seront attribuées à d’autres personnes», avant d’ajouter que «compte tenu du statut des habitants (réfugiés, permis B, C ou nationalité suisse), les résidents ne peuvent plus prétendre à la mise à disposition d’un logement par l’Hospice général».

Actuellement, une vingtaine de personnes risquent de passer la nuit dehors. «L’Hospice menace de fermer les portes de l’établissement et de couper l’électricité et l’eau courante si nous n’évacuons pas les lieux aujourd’hui, explique Olivier Richard, membre de Perce-Frontières. Les machines sont-elles plus importantes que le sort de vies humaines?»

Chantier du CEVA

«Si la parcelle Frank-Thomas doit être débarrassée fin 2016 pour permettre l’accès au chantier du CEVA, la Ville de Genève ne prévoit aucune construction avant 2021» assure Carole-Anne Kast, présidente du Parti socialiste genevois, dans une lettre du 28 juin adressée au Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS).

Selon le collectif Perce-Frontières, le PS, SolidaritéS et les Verts, la démolition du foyer peut être évitée: «L’Etat nous a communiqué une évaluation des CFF. Le maintien du foyer nécessiterait un investissement en rénovation d’environ 400’000 francs, explique la présidente. Une route alternative pourrait être trouvée, ce qui permettrait de conserver le foyer mais engendrerait un coût de 500’000 francs.»

Une solution et des chiffres qui n’ont pas encore été envisagés par les responsables du projet CEVA, car «aucune demande n’a été formulée pour le moment», selon Magalie Melly, responsable communication du CEVA. Quant à l’Hospice, il assure qu’il n’a pas les compétences techniques requises pour s’exprimer sur le sujet.

La résidence Frank-Thomas accueille près de 135 places. Selon le collectif Perce-Frontières, chaque bunker coûte en moyenne 1 million de francs par an à l’Etat. Si les travaux sont effectivement prévus pour 2021, les coûts de la rénovation et de la construction d’une route alternative sont bien inférieurs à tout projet de construction de centre ou de mise à disposition de bunkers. «Il y a un manque de vision globale concernant cette affaire, ajoute Carole-Anne Kast. On a l’impression que l’Etat est divisé en entités différentes et que celles-ci n’arrivent pas à s’accorder. Désormais, c’est à l’exécutif cantonal de faire son arbitrage.» Pour l’heure, les habitants ont refusé de partir du foyer et passeront la nuit sur place.