Aller au contenu
Documentation

Jet d’Encre | La Syrie, carnet de voyage et réflexions (pour la paix)

Yasmina Tippenhauer a vécu en Syrie à la fin des années 1980, bien avant que le pays ne soit dévasté par la guerre civile et ne cède une partie de son territoire au groupe «Etat Islamique». En 2013, dans le but de retrouver ses amis syriens de l’époque, elle se rend au Liban, où plusieurs de ces derniers ont dû s’exiler. À son retour de voyage, elle décide d’écrire, pour retranscrire ce qu’était la Syrie de l’époque, informer sur la situation actuelle vue de l’intérieur, et rendre hommage à ces amitiés restées intactes.

Les textes de Yamina Tippenhauer ont été publiés sur le site Jet d’Encre en 2013. Vous pouvez les (re)lire en cliquant ici ou sur l’image ci-dessous.

Syrie_CarnetDeVoyage

Préface

La Planète terre est divisée en frontières physiques, culturelles, historiques, créées par l’être humain au fil du temps. Cependant, elle garde une unité, que nous nous affairons à oublier, et dont les événements localisés géographiquement affectent la totalité. La globalisation, en effet, n’est pas seulement économique, mais elle touche aussi à nos responsabilités, nos consciences, et aux souffrances de «l’autre» qui n’est plus si éloigné.

Quelque part sur la carte du Monde, dans une région centrale où se croisent en quelque sorte l’Afrique, l’Asie, l’Europe, ainsi que des univers religieux différents (islam et christianisme, entre autres, et dans presque toutes leurs variantes), se déroule justement un scénario de souffrances inouïes, inacceptables et, apparemment, interminables. Il s’agit de ce qu’on appelle par euphémisme «la crise syrienne», qui n’est pas une crise mais le déploiement indécent et illimité de multiples conflits et intérêts sous-jacents, exprimés à travers une guerre qui se mène sur plusieurs fronts. Les niveaux de destruction de ces 30 mois de «crise» dépassent proportionnellement ceux de la Deuxième Guerre mondiale… Et pendant que certains pouvoirs s’y affrontent, la population syrienne, elle, se meurt. Ce qui se passe dans ce pays est l’affaire de tous, entre autres parce que c’est un drame d’une envergure et d’une cruauté impressionnantes, et qu’il met en lumière des échecs qui incombent l’Humanité tout entière.

La guerre en Syrie me touche profondément et je ressens qu’elle fait ressortir de nombreux «dossiers» de notre histoire, à tous. Elle met surtout à découvert l’impuissance des individus face au pouvoir d’un régime tyrannique; l’incapacité des organisations mondiales qui avaient jadis un rôle régulateur (déjà faible); la vulnérabilité et la solitude de tout un peuple; la manipulation des grandes puissances (anciennes et nouvelles) mues par tous les enjeux de cette guerre.

Face à l’incapacité d’agir pour stopper cette horreur, que (me) reste-t-il ? Écrire… parler de ce pays où j’ai vécu et que j’aime, explorer de l’intérieur les conséquences de cette guerre, amener quelques réflexions et témoignages susceptibles d’avoir un impact sur chacun de vous, lectrices, lecteurs. En effet, mon lieu d’énonciation n’est qu’un point de vue parmi d’autres. Je propose ici une lecture personnelle, bien que tout à fait fondée et réfléchie, un regard à partir d’un «je» impliqué et qui aimerait secouer les consciences, à travers quatre articles. Un rappel des principales informations et une analyse de la guerre syrienne, replacée dans un zoom mondial, géopolitique, mais aussi à partir de portraits humains, d’êtres proches qui vivent de près cette guerre et dont les histoires permettent de mieux saisir certaines de ses conséquences.

Tout ceci ne peut qu’aboutir à une note d’action et d’espoir. Ainsi, le cinquième et dernier article présentera des projets menés sur le terrain (opérations très difficiles), par une association honnête, efficace et engagée qui mérite largement d’être soutenue: Life for Syria. Je remercie ici mon ami Octave C. pour cet article, ainsi que pour ses apports précis d’historien et d’habitant de la région, dans la relecture de mes contributions. Après avoir parcouru certains côtés obscurs ou frappants de cette guerre, nous pouvons apporter une graine positive et concrète. Cela ne fera pas seulement du bien à la population civile syrienne, mais surtout à nos cœurs et à nos consciences, qui se sentent souvent dépassés et impuissants face à l’ampleur de certaines catastrophes. Nous n’allons pas continuer à déplorer la situation, nous essaierons de la changer modestement*! La goutte d’eau… S’informer, prendre conscience, et passer à l’acte.

* Car il ne s’agit pas de s’attaquer aux énormes problèmes mondiaux, mais de changer ce qui est à notre portée. C’est ainsi que nous pouvons changer le monde. Et oui. Appelez cela utopie, je dirai plutôt conscience et impact mesurable.

Au risque de paraître parfois utopique ou dilettante, je n’hésiterai pas à émettre ma pensée sur les causes profondes de ce désastre. Les articles détaillés et chiffrés sur cette guerre, vous les trouverez dans la presse internationale; et je citerai plusieurs de mes sources. Cependant, mon objectif est de parler de ce pays, bien sûr, mais aussi et surtout d’attirer l’attention sur des thèmes majeurs réveillés par ce conflit et qui nous concernent. Tous.

Cliquez sur les liens ci-dessous pour lire les cinq textes publiés sur Jet d’Encre:

1.     Intro. Le sacrifice de la Syrie
2.     Damas 1989 – Beyrouth 2013, petit carnet de voyage
3.     Les prénoms de la guerre. Portraits
4.     May, pour la liberté
5.     Life for Syria. Agir pour redonner la vie