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L’économie déchiffrée | Remettre le coût de l’asile en perspective

Le coût d’accueil des requérants d’asile est actuellement en forte augmentation en Suisse, sans surprise étant donnée la crise humanitaire aux portes de l’Europe. Plus précisément, la Confédération a récemment consenti à une rallonge de 850 millions de francs au budget 2017, et les frais devraient atteindre 2.4 milliards en 2018, soit un doublement par rapport à 2014. A ceci s’ajoutent les coûts supportés par les Cantons, qui étaient de l’ordre de 616 millions on 2014.

Billet de Cédric Tille, publié le 4 juillet 2016 sur le blog «L’économie déchiffrée», hébergé sur le site de L’Hebdo. Cliquez ici pour lire le billet sur le blog.

A voir ces chiffres on pourrait penser que l’asile représente une somme substantielle, qui risque de «plomber» les finances publiques.

Ce constat apparemment évident est toutefois inexact. Les chiffres à l’échelle d’un pays sont toujours impressionnants, même pour un petit pays comme le nôtre. Tout macro-économiste a l’habitude de ces ordres de grandeur, et l’un de ses premiers réflexes est de mettre les chiffres en perspective. Cette démarche montre que le coût de l’asile est minime.

Plus précisément, considérons les dépenses de l’asile de 1.8 milliards en 2014 (dont deux-tiers à charge de la Confédération) et du double en 2018. Le tableau ci-dessous considère deux «benchmarks» standards pour cela, soit la taille de l’économie et celle de l’Etat.

economiedechiffree

Note : les valeurs de 2014 sont de 642 milliards pour le PIB, 64.8 milliards pour les dépenses de la Confédération, et 207.5 milliards pour les dépenses de l’ensemble des administrations publiques.

Le coût de l’asile est infime par rapport à la taille de l’économie, mesurée par le produit intérieur brut (642 milliards en 2014). Il ne représente que 0.28 pourcent du PIB, et le doublement d’ici à 2018 ne l’amènera qu’à 0.56 pourcent. En d’autres termes, si on compare le PIB Suisse au prix d’un bon repas au restaurant, le coût de l’asile ne représente même pas le prix du sucre servi avec le café.

Mais qu’en est-il par rapport aux dépenses publiques, lesquelles sont modérées en Suisse par rapport aux autres pays? Même sur cette base, le coût reste modeste. Plus précisément, les frais à charge de la Confédération (seconde colonne) représenteront 3.7 pourcent des dépenses fédérales en 2018. Le coût total incluant les Cantons quant à lui ne représentera que 1.73 pourcent des dépenses de l’ensemble des administrations publiques (Confédération, Cantons, Communes, Assurances sociales). Bien entendu ceci n’est pas «rien», mais nous sommes loin de montants insupportables.

En résumé, il faut se méfier des grands chiffres. S’ils sont imposants par rapport à notre revenu individuel, ils deviennent bien moins impressionnants une fois considérés à l’échelle du pays. Le coût de l’asile va certes augmenter substantiellement, mais même après cette hausse il restera un tout petit poste dans les dépenses publiques. Pas de quoi matériellement «plomber» les budgets.