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Notre regard

Le Courrier | L’uni se mobilise contre le renvoi d’un étudiant tchétchène

Un étudiant tchétchène est menacé de renvoi imminent en Russie, où il craint pour sa sécurité. Le rectorat et les étudiants le défendent.

Article de Cora Beausoleil, publié dans Le Courrier, le 20 décembre 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Dagun, arrivé en Suisse il y a six ans, était jusqu’ici un étudiant ordinaire de la faculté des lettres de Genève. En troisième année de bachelor, il effectuait un parcours académique de qualité selon ses camarades Marion Didelot et Hannah Ammar, membres de l’Association des étudiants de français langue étrangère (AEFLE).

Suite à de longues démarches administratives, Dagun a finalement été arrêté le 2 décembre, après que son statut de réfugié lui a été refusé en septembre dernier. Le jeune homme, qui fête ses 25 ans aujourd’hui, est désormais détenu à la prison de Frambois, en attente d’un vol spécial pour la Russie.

Un réel danger

Une décision totalement injuste selon l’une de ses avocates, Maître Aude Baer: «Dagun a montré une volonté d’intégration exceptionnelle depuis son arrivée. Il est impliqué dans ses études et dans la vie genevoise», argumente-t-elle. «Son renvoi vers la Russie est imminent. Or, il y court un réel danger, après avoir défendu publiquement le peuple tchétchène, son indépendance et sa langue», ajoute-t-elle encore. Des craintes confirmées par le récent rapport de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés qui fait état d’arrestations, de tortures et de meurtres au retour des personnes d’origine tchétchène en Russie.

Prise de position inédite

Le rectorat de l’université s’est lui aussi mobilisé pour défendre le jeune homme. Une prise de position publique inédite de la part de l’institution. L’université a entrepris plusieurs démarches afin de faciliter l’obtention d’un permis étudiant au jeune homme, en lui assurant une indépendance financière: «Nous nous engageons à lui offrir une bourse et des démarches ont également été entreprises avec la Ciguë, afin de lui trouver un logement», explique l’adjoint au recteur Mathieu Crettenand. «Dans ces conditions, il est totalement disproportionné et dangereux qu’il soit expulsé en Russie en attendant la décision sur la demande de permis de séjour étudiant», selon son avocate. Contacté, le Département de la sécurité déclare «ne pas commenter les cas particuliers».

Un rassemblement estudiantin, soutenu par le rectorat, est organisé dans le hall du bâtiment des Bastions, mardi à 12h. Une pétition en ligne s’opposant au renvoi1 a été lancée dimanche. Elle a déjà récolté plus de deux mille cinq cents signatures, «illustrant la forte mobilisation de la part de la population genevoise», commente son avocate.


Mise à jour du 20 décembre 2016.

Les étudiants rassemblés en soutien à Dagun

Près de 200 étudiants se sont rassemblés mardi dans le hall d’Uni-Bastion, afin d’exprimer leur soutien à leur camarade tchétchène.

Auparavant étudiant en lettres à l’université de Genève, Dagun est actuellement emprisonné à Frambois, dans l’attente d’un vol spécial pour la Russie. Un renvoi contre lequel s’oppose les étudiants de l’université: «Dagun est l’un des nôtres et sa place est avec nous, sur les bancs de l’université», a déclaré sa collègue Marion Didelot, membre de l’Association des étudiants en français langue étrangère (AEFLE), la faculté dont le jeune homme fait partie.

En plus de la mobilisation estudiantine, le rectorat a également pris position contre le renvoi du jeune homme, menacé en Russie pour son esprit critique, «une qualité que s’applique à cultiver l’université», a rappelé la vice-rectrice Micheline Louis-Courvoisier. Le directeur de la faculté, Laurent Gajo, notait «le contraste entre la chaleur du rassemblement estudiantin et la froideur de l’administration en  charge des demandes d’asile».

Une pétition a été lancée: « NON au renvoi de Dagun, étudiant à l’Université de Genève! ». Vous pouvez la signer en cliquant ici.