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Notre regard

Le Courrier | Moins de migrants logés sous terre

La baisse des demandes d’asile en Suisse conduit le canton de Vaud à fermer de nombreux abris PC. L’accueil de migrants par des particuliers explique également cette politique de fermeture.

Article de Mario Togni , publié dans le Courrier, le 6 janvier 2017. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

abri_pc_geneveEn un an, la diminution a été drastique. Au cours des trois derniers mois de 2016, seuls 255 nouveaux requérants d’asile ont été attribués au canton de Vaud par la Confédération. Un an plus tôt, durant la même période, ils étaient 1155 à arriver sur le territoire cantonal en ­provenance des centres fédéraux d’enregistrement et de procédure.

Trois abris abandonnés

En conséquence, l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), chargé de leur hébergement, ferme à tour de bras les abris PC ouverts pour pallier l’urgence. Cette semaine encore, il annonçait la fermeture de trois sites supplémentaires, à Préverenges, Bussigny et Epalinges, ainsi que d’un lieu d’accueil de jour à Prilly.

La tendance est générale et s’explique en grande partie par la fermeture de la route migratoire des Balkans, au printemps 2016. En Suisse, le nombre de demandeurs d’asile en provenance d’Afghanistan, d’Irak et de Syrie a fortement chuté ­depuis. A la fin novembre, le nombre total de requêtes déposées avait diminué de 66% par rapport à l’année précédente, selon les dernières statistiques fédérales. Une évolution qui se répercute sur les cantons.

Retour à la normale

En réalité, il s’agit plutôt d’un retour à la normale après une année 2015 exceptionnelle, explique Erich Dürst, directeur de l’EVAM: «Les vastes mouvements migratoires vers l’Europe, accentués par les déclarations d’ouverture d’Angela Merkel en Allemagne, ont eu un impact significatif sur la Suisse, même si seule une très petite part des migrants est venue ici.»

Face à de telles variations, l’institution chargée d’héberger les requérants d’asile sur sol vaudois doit s’adapter en permanence, un défi de tous les jours. En 2015, elle avait dû accueillir 1300 personnes supplémentaires en à peine huit mois. L’an passé, la baisse déjà amorcée dès février avait au contraire conduit l’EVAM à fermer progressivement 6 des 16 abris de la protection civile ouverts au plus fort de la crise migratoire.

Les trois fermetures annoncées cette semaine viennent s’y ajouter. L’EVAM salue la bonne collaboration avec les autorités communales et la bonne cohabitation avec les riverains, alors que l’ouverture de ces lieux avait parfois soulevé des craintes, voire déchaîné les passions.

Dès février, il ne restera donc que sept abris de protection civile dévolus à l’hébergement des migrants dans le canton, d’une capacité maximale de 375 places. L’EVAM se dit toutefois prêt à les rouvrir en cas de besoin. Au total, l’institution loge plus de 6000 personnes sur le territoire vaudois, essentiellement en appartements ou en foyers collectifs.

Logement chez des particuliers

La diminution des arrivées de migrants n’explique pas à elle seule la fermeture des abris. Le programme d’hébergement de requérants d’asile par des familles d’accueil, lancé par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) puis repris par l’EVAM, a aussi joué son rôle. «Environ 100 personnes sont actuellement logées chez des particuliers. Cela peut paraître marginal, mais c’est l’équivalent de deux abris PC», relève Erich Dürst.

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Par ailleurs, l’EVAM poursuit l’extension de son parc locatif, qui a augmenté d’une centaine d’appartements en 2016. En parallèle, l’institution s’apprête à ouvrir en février un nouveau foyer d’environ 200 places à Ecublens, dont elle a été le maître d’ouvrage. Ce lieu d’hébergement temporaire, construit en préfabriqué, accueillera des familles et des personnes seules, qu’elles soient en cours de procédure ou à l’aide d’urgence.

La Côte n’y coupera pas

L’institution rappelle que la création d’un nouveau foyer dans la région de La Côte, sous-dotée par rapport à la moyenne cantonale, reste nécessaire. Depuis quelques années, la construction d’un lieu d’accueil à Nyon est évoquée mais bute sur l’opposition de riverains ou d’élus. Un nouveau projet a été présenté l’an passé par la municipalité. Son préavis devrait passer devant le Conseil communal prochainement. Des opposants se sont déjà manifestés par le lancement d’une pétition l’automne passé. I