Aller au contenu
Notre regard

Le Temps | La légalité est-elle toujours légitime? Relire Antigone

Cinquante-cinq enseignant-e-s des universités romandes de Lausanne, Fribourg et Genève se dressent contre une loi à leurs yeux injuste en matière de renvois de demandeurs d’asile.

L’appel a été publié dans le journal Le Temps le 8 janvier 2017 et a été signé par Ivan Sainsaulieu, professeur de sociologie à l’UNIL, et 54 autres signataires. Cliquez ici pour lire l’appel dans son intégralité.

La légalité est-elle toujours légitime? Les autorités vaudoises répondent par l’affirmative, ou du moins utilisent cet argument pour délégitimer le Collectif R et le débouter dans ses demandes répétées de rendez-vous pour discuter du sort des migrants qu’il protège.

Le Collectif R prône la désobéissance civile

Il est vrai que le Collectif R revendique publiquement de désobéir à la directive européenne des renvois Dublin. Pour autant, revendiquer sa désobéissance est un acte politique, et non délinquant. L’adéquation de la loi au droit est un vieux problème. Ce n’est pas la première fois que des citoyen-ne-s se dressent contre une loi injuste, telle la figure tragique d’Antigone contre le roi Créon. A la suite d’attentats anarchistes, des «lois scélérates» virent le jour en France à la fin du XIXe siècle, limitant la liberté de la presse, restaurant le «délit d’opinion» et violant la présomption d’innocence. Les socialistes Jean Jaurès et Léon Blum en furent les opposants acharnés, arguant de l’inadéquation au droit de lois bien peu républicaines.

L’écart entre la loi et le droit

C’est ce même écart entre la loi et le droit que faisait valoir Pierre Bühler, professeur émérite de l’Université de Zurich, sur le plateau de la RTS 1, lors de l’émission «Faut pas croire», le 12 novembre 2016. Face à lui, le Conseiller d’Etat Vaudois Philippe Leuba était arc-bouté sur la défense de la Loi, présentant son rejet comme le règne de l’arbitraire. Plusieurs articles inscrits dans la nouvelle Loi sur l’asile, acceptée à l’occasion du référendum du 6 juin dernier, ne sont pourtant pas légitimes au regard des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution de ce pays. Les articles 7 à 12 de la Constitution fédérale prévoient expressément de défendre le droit de tout être humain présent sur le territoire national à la dignité humaine, à une protection de la bonne foi contre l’arbitraire, à la liberté personnelle, à l’intégrité physique et psychique, à la liberté de mouvement, enfin à une aide dans des situations de détresse.

Cliquez ici pour continuer la lecture de l’appel.