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Notre regard

Le Courrier | La cuisine comme langue commune

Un livre des recettes préférées de réfugiés vise à tisser des liens entre diverses cultures.

Article de Cora Beausoleil,  publié le 30 janvier 2017 sur le site du Courrier. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

[caption id="attachment_37425" align="alignright" width="300"]cuisine-des-refugies Vitali Séverine et Markus Ursula, La Cuisine des réfugiés, Helvetic, 2016.[/caption]

Séverine Vitali et Ursula Markus publient La Cuisine des réfugiés, un livre de cuisine pas comme les autres: on y découvre les recettes préférées de personnes réfugiées, vivant à Zurich et dans ses environs. Un ouvrage illustré, qui en plus de faire découvrir de nouveaux plats, raconte avec optimisme des parcours de vie cabossés.

Pourquoi avoir choisi d’aborder le thème des réfugiés à travers la cuisine?

Séverine Vitali: L’idée du livre m’est venue à la suite des rencontres que j’ai faites à travers l’association Solinetz, qui offre des repas et des cours d’allemand aux personnes réfugiées. Je me suis liée d’amitié avec plusieurs familles immigrées ou requérantes, qui m’ont ensuite invitée à partager leurs repas traditionnels. La cuisine m’est apparue comme une sorte de passerelle. Elle facilite la rencontre entre les gens et les cultures: manger devient une langue commune, que j’ai eu envie de partager.

De plus, si j’étais d’habitude celle qui donnait les conseils, ou qui aidait à l’apprentissage de la langue nationale, en cuisine, c’était l’inverse: j’étais l’apprentie et eux mes professeurs. Ce livre permet aussi de transmettre leurs savoirs et leurs cultures.

En plus des nombreuses recettes, on découvre aussi des parcours de vie.

Oui, le but du livre est vraiment de présenter les deux. Je voulais montrer que derrière les chiffres, constamment présentés par les médias, il y a en fait des personnes, aux mêmes désirs et aspirations que nous: travailler, vivre tranquillement, ou avoir une famille par exemple. Si la réalité des réfugiés est souvent plus injuste que celle des Suisses, nous sommes au final tous pareils.

De plus, la cuisine fait partie de l’identité d’une personne. Lorsqu’on quitte son pays, si la langue ou certaines traditions peuvent vite s’oublier, les recettes familiales perdurent jusqu’à sept générations après la séparation! La cuisine fait donc partie de l’identité de chacun, d’où l’idée d’en faire un livre.

Quel est le but de votre démarche?

J’aimerais toucher les personnes qui ne sont pas encore de mon avis et éliminer les craintes qu’elles pourraient avoir quant à l’immigration.

Lorsque j’étais enfant, c’était les immigrés italiens dont on se méfiait, en argumentant qu’ils ne «s’intégreraient pas à la société suisse protestante». Aujourd’hui, la nourriture italienne fait presque partie de notre culture suisse, elle est devenue une normalité. J’espère faciliter ce processus dans le cas des nouveaux immigrés qui arrivent en Suisse. Cuisinez des recettes venues d’ailleurs et partez à la rencontre des réfugiés qui vous entourent!