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Documentation

Solidarité sans frontières | Peut-on vraiment tomber plus bas?

Article de Amanda Ioset, Secrétaire générale de Solidarité sans frontières, publié sur le site de l’association. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de Solidarité sans frontières, le 1er juin 2017.

Bingo! Le Conseil national, sûrement à cours de sujets vraiment intéressants à discuter, a accepté aujourd’hui deux motions du PLR et de l’UDC demandant une interdiction générale de voyager pour les personnes admises à titre provisoire. Oui, oui, vous avez bien compris, en Suisse au 21e siècle, on considère qu’une telle personne (qui en général, tout comme un réfugié, reste en Suisse toute sa vie) ne devrait pas avoir le droit d’aller passer des vacances en Italie, que son enfant ne devrait pas pouvoir aller en course d’école en Allemagne, qu’il ne devrait pas pouvoir se rendre dans un pays voisin de son pays d’origine pour revoir sa famille.

L’argument de ses grands défenseurs des libertés individuelles – mais oui, vous savez, ces libertés qu’on aime tant vanter quand il s’agit de comparer notre pays à ceux de ces barbares d’étrangers qui ne savent pas se hisser à la hauteur de notre si belle démocratie – est que certains réfugiés profiteraient de leur permis de voyage pour se rendre dans leur pays d’origine, preuve s’il en est qu’ils n’y sont pas persécutés et donc que ce sont des méchants menteurs. Seulement voilà : à l’heure actuelle, il est déjà interdit pour toute personne relevant du domaine de l’asile de se rendre dans son pays d’origine sous peine de perdre son permis de séjour.

J’aimerais bien comprendre : à quoi cela sert-il d’interdire à tout un groupe de personnes d’aller, par exemple, en France, si le but recherché est d’empêcher un nombre infime de personnes de se rendre, par exemple, en Erythrée ou en Afghanistan ? Mais j’avoue que cette question est stupide, car la logique n’est pas à chercher dans le contenu des motions. L’important, c’est de parler et surtout de faire parler des réfugiés, ces éternels abuseurs ! L’important, c’est de faire planer le doute, de mettre dans la tête des gens que derrière chaque réfugié se cache un potentiel faux réfugié profiteur…

Il y a dans notre Constitution un article dans le chapitre sur les droits fondamentaux qui dit que tout être humain a droit à la liberté de mouvement. Juste pour information.