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Notre regard

Chronique Suisse | Du 1er avril au 9 mai

1er avril
Après deux ans d’attente, la personne la plus recherchée d’Albanie a pu obtenir le statut de réfugié en Suisse. Ancien policier, D. enquêtait sur des membres influents du gouvernement corrompus par des mafias locales et impliqués dans le trafic de drogue. Détenu pendant plus de 6 mois pour des motifs absurdes, il fuit le pays pour rejoindre la Suisse et fait l’objet de deux demandes Interpol formulées par l’Etat albanais. Jugeant les arguments de l’Albanie peu crédibles, la police suisse avait décidé de laisser la demande d’asile suivre son cours. Une fois sa demande acceptée, D. a déclaré vouloir continuer son combat contre la corruption depuis la Suisse.

4 avril
Le Service d’action sociale de Fribourg et Caritas Suisse innovent avec un projet de garde d’enfants entre réfugiés. Constatant les difficultés d’intégration professionnelle touchant les femmes avec enfants (en comparaison avec les hommes et les femmes seules), le projet McPhee organise des gardes d’enfants par des personnes inscrites dans les services sociaux du canton. Tout le monde y gagne : les éducatrices de la petite enfance obtiennent un travail ou une formation et les mères ont les coudées franches pour s’intégrer au marché du travail au travers de stages ou de cours. Encore en phase pilote, le projet présente d’excellents résultats.

10 avril
Les discriminations raciales sont toujours plus fréquentes dans la sphère publique ou au travail, selon le rapport 2016 de la Commission fédérale contre le racisme (CFR). Si les cas recensés étaient plus nombreux en 2015 (239 cas) qu’en 2016 (199 cas), plus de la moitié du chiffre de l’an dernier concernait des discriminations dans la sphère publique (espace public, travail, école). La présidente de la CFR indique que beaucoup d’incidents ne sont toutefois pas annoncés par les victimes.

10 avril
Le Collège Claparède (GE) a ouvert ses portes pendant une semaine à deux classes d’accueil de mineurs non accompagnés, dans le but de faciliter l’intégration de ces jeunes et de sensibiliser les élèves genevois aux valeurs de générosité et d’ouverture. Au travers d’activités aussi diverses que la photographie, la cuisine et même le patin à glace, les participants ont pu créer des liens entre leurs réalités si différentes. «Humainement, j’ai plus appris durant cette semaine-là que durant six mois de cours de philo», confiait Victor, collégien. «On nous enseigne la théorie, mais là on est dans le concret.» L’installation de deux classes d’accueil à Claparède serait en discussion.

11 avril
Selon l’Office cantonal de la statistique, six habitants sur dix sont issus de la migration étrangère à Genève. 40% de ces «migrants» possèdent la nationalité suisse. Le travail étant le principal motif d’immigration vers Genève, les trois quarts de la population étrangère sont en âge de travailler, soit bien plus que la population suisse. À noter que, si en 1990 la barre des 1000 représentants sur le Canton était franchie par 13 nationalités seulement, elles seraient aujourd’hui une trentaine à atteindre ce chiffre.

13 avril
On le sait, les chiffres sont parfois trompeurs. Le montant de l’aide publique au développement, symbole de la «générosité helvétique», est officiellement passé de 0,51% à 0,54% du revenu national brut en 2016. Il cacherait en vérité une baisse de la contribution, camouflée par la prise en compte toujours plus importante des dépenses liées à l’asile dans ce chiffre: 19,4% des dépenses de l’asile étaient comptabilisées en tant que contribution internationale en 2016 contre 14% en 2014. L’UDC aimerait les faire basculer à 100% dans l’aide au développement, alors que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) préconise d’exclure la prise en compte de l’asile dans la statistique et a interpellé les Etats membres à ce propos.

6 mai
La répartition des coûts relevant de l’asile entre la Confédération et les cantons ne changera pas. Alors que ces derniers demandaient une augmentation de la subvention fédérale pour les dépenses d’encadrement et de formation des requérants, le Conseil national a rejeté cette idée. Simonetta Sommaruga a convaincu les députés, arguant qu’augmenter les aides extérieures ralentirait le processus d’intégration professionnelle des réfugiés, qui reste du ressort des cantons. La conseillère fédérale prend toutefois acte de la situation particulière des mineurs non accompagnés, se disant prête à « soutenir les cantons ».

9 mai
La Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) effectuera dès juin 2017 des visites de contrôle dans les centres fédéraux pour requérants d’asile. Un rapport sur la conformité aux droits fondamentaux des restrictions imposées aux requérants sera publié tous les ans à l’attention du SEM, accompagné d’éventuelles recommandations. Cette décision a été prise suite au constat répété de non-respect des règles de procédure (notamment concernant les sanctions disciplinaires) dans les centres d’hébergement ces dernières années.

> CEDH : Convention européenne des droits de l’homme
> CourEDH : Cour européenne des droits de l’homme
> DFJP : Département fédéral de justice et police
> HCR : Haut Commissariat pour les réfugiés
> MNA :mineur non-accompagné
> SEM : Secrétariat d’Etat aux migrations
> TAF : Tribunal administratif fédéral
> UE :Union européenne

Page réalisée par Robin Junod
Sources : Presse suisse et française, Migration News Sheet, site web asile.ch