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Documentation

Le Courrier | Des tuteurs sur le chemin de l’intégration

Les membres de l’association Reliance accompagnent des élèves en difficulté, issus surtout de la migration, dans leur parcours scolaire et sur le chemin de l’intégration. Elle fête ses dix ans.

Article de Rachad Armanios, publié dans Le courrier, le 10 octobre 2017. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Depuis dix ans, les tuteurs de Reliance épaulent des élèves en difficulté et leur famille. Quelque 70 tuteurs accompagnent aujourd’hui 80 enfants et jeunes adultes – avant tout issus de la migration – dans leur scolarité et sur le chemin de l’intégration. A l’heure de célébrer son anniversaire, cette association, subventionnée par l’Etat à hauteur de 160’000 francs, tire un bilan très positif de ses activités.

En 2007, les membres fondateurs – enseignants et autres professionnels de l’école –, ont décidé de se mobiliser contre l’échec scolaire, qui est aussi «l’échec d’une société». «Nous sommes partis du constat que l’école peinait à tenir compte des différences sociales et culturelles d’une partie des élèves et que certaines familles, dont les enfants étaient en difficulté scolaire, ne comprenaient pas l’école, ses codes et la langue, explique la présidente, Françoise Joliat. Nous avons alors pensé à instaurer une relation stable et de confiance avec des personnes fonctionnant un peu comme des ‘grands-parents’ ou des ‘grands frères’.»

«J’accompagne depuis quatre ans une Erythréenne de 14 ans qui est en deuxième année du Cycle, témoigne Nadia Baehler, secrétaire de Reliance et également tutrice. J’apporte une aide scolaire, dans les démarches administratives ou j’accompagne la famille lors d’entretiens, liste-t-elle. J’ai convaincu les parents que leur fille devait profiter de la passerelle pour monter dans le meilleur regroupement alors qu’ils étaient très satisfaits qu’elle ait des bonnes notes dans le niveau inférieur.»

L’association s’est déployée dans les écoles (cycle d’orientation et primaire) de Confignon et d’Onex. Financièrement, la première année fut très difficile, se rappelle Bilal Ramadan, enseignant à la retraite et membre du comité. Mais après un an, un rapport du Service de la recherche en enseignement (Sred) souligne que ces efforts dans les dimensions pédagogique, socioculturelle et affective ont facilité l’intégration des élèves et leurs progrès scolaires. L’Instruction publique (DIP) débloque alors une subvention. Elle est à l’époque dirigée par Charles Beer qui, à son départ du gouvernement, deviendra tuteur. Aujourd’hui, il accompagne encore une fratrie.

Requérant mineurs non accompagnés

En 2013, le Conseil d’Etat demande à Reliance d’épauler les élèves vivant au foyer des Tattes, dont les familles sont déboutées de l’asile ou à l’aide d’urgence. En 2015, une troisième antenne est ouverte pour le foyer du Saconnex, dédiée aux requérants d’asile mineurs non accompagnés, aujourd’hui présents surtout au foyer de l’Etoile. La problématique est avant tout centrée sur la question de l’insertion professionnelle.

Le recrutement des tuteurs se fait avant tout par le bouche-à-oreilles et grâce à la Coordination asile. CV, lettre de motivation et certificat de bonne vie et mœurs sont demandés. Des formations continues et huit réunions d’équipe par an ont lieu. La plupart sont retraités et tous ne viennent pas du monde de l’enseignement. Le défraiement est de 30 francs l’heure, deux heures par semaine en principe, mais souvent beaucoup plus selon les problématiques. Les parents de l’antenne de Confignon-Onex sont invités à payer ce qu’ils considèrent comme raisonnable.

«Dans une société laissant toujours plus de personnes sur le côté, la demande ne va pas diminuer», conclut Mme Joliat. Et l’association de s’interroger: est-il normal, à Genève où 1200 jeunes sont en décrochage scolaire, que l’Etat confie cette action à une association? Surtout, ses moyens lui permettent seulement de toucher quelques écoles. «Une inégalité de traitement crasse avec toutes les autres», remarque Mme Joliat.


La revue Vivre Ensemble a publié un numéro spécial (VE 149, septembre 2014) dédié à la problématique de l’intégration.

Vous pouvez le consulter en ligne en cliquant ici ou sur l’image de couverture ci-contre.