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HCR | Demandeur d’asile somalien et bénévole au sein d’une brigade locale de pompiers en Allemagne

À Fürstenwalde, Yusuf met à profit l’expérience de pompier volontaire qu’il a acquise lors de deux conflits.

Article de Max Breitling, publié le 20 décembre 2017 sur le site du HCR. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du HCR.

Dans l’aire d’entreposage des véhicules de la caserne de pompiers de Fürstenwalde-Mitte, un jeune bénévole vérifie les vitesses d’un imposant camion de pompiers. Yousouf Abdirahim, un demandeur d’asile de 37 ans, sait ce qu’il fait. Il fait partie de cette brigade presque depuis son arrivée en Allemagne.

Une fois par semaine, des pompiers volontaires comme lui viennent s’entraîner à la caserne de Fürstenwalde, une petite ville située à une heure de route de Berlin. Un instructeur nommé Sebastian demande à chacun d’eux d’expliquer comment fonctionne l’équipement.

Yousouf a déjà suivi un cours de formation de base intitulé «Truppmann 1», mais avant de pouvoir participer à sa première véritable mission de sauvetage ou de lutte contre les incendies, il doit passer des examens supplémentaires et améliorer son niveau d’allemand. Dans les situations d’urgence, savoir communiquer efficacement peut faire la différence entre la vie et la mort.

Cependant, le danger n’est pas nouveau pour Yousouf, ni le travail au service des autres.

Originaires de Somalie, Yousouf et sa famille ont fui le conflit pour le Yémen alors qu’il n’avait que 11 ans. Là, il a fréquenté l’école et a fondé une famille avant de rejoindre la Société du Croissant-Rouge du Yémen en 2011, pour laquelle il a distribué de l’aide médicale.

«Quand les gens ont besoin d’aide à un moment donné et que je suis au bon endroit pour le faire, cela me rend heureux», explique-t-il.

Puis, en 2014, Yousouf a été contraint de fuir de nouveau, cette fois pour échapper au recrutement forcé dans le conflit du Yémen. Après un long voyage, il est arrivé en Allemagne en juillet 2015 – mais sa femme et ses deux enfants sont toujours pris au piège au Yémen.

Avec son expérience du bénévolat, il semblait normal que Yousouf propose ses services en Allemagne. Quand son professeur d’allemand a suggéré l’idée d’une brigade de pompiers volontaires, il a immédiatement saisi l’occasion. Cette décision a également aidé Yousouf, qui n’est pas un homme à rester sans rien faire. Le travail bénévole lui lance des défis et lui permet d’apaiser ses inquiétudes concernant sa famille pendant quelques heures. Aujourd’hui, son allemand est meilleur que son anglais et il peut parler librement avec ses collègues.

Il a également déjà joué un rôle clé. L’année dernière, la brigade locale de pompiers a été appelée à plusieurs reprises dans des centres d’hébergement pour demandeurs d’asile à Stahnsdorf et Oranienburg parce que les habitants déclenchaient accidentellement les alarmes d’incendie. Yousouf a pu leur expliquer en arabe et en somali comment fonctionne le système d’alarme, et leur indiquer les points de rassemblement et les voies d’évacuation en cas d’incendie. En fait, il a fait une telle différence que le projet «Ohne Blaulicht» (Sans la lumière bleue), organisé par l’association des brigades de pompiers du Brandebourg avec un financement gouvernemental, sera désormais étendu à d’autres centres d’hébergement.

Jörn Müller, le chef des pompiers à Fürstenwalde, est heureux d’accueillir Yousouf et d’autres nouveaux venus au sein de sa brigade. «Nous sommes reconnaissants pour leur soutien», ajoute Hans-Ulrich Hengst, maire de Fürstenwalde.

Hartmut Ziebs, président de l’Association allemande des brigades de pompiers, est également un fervent partisan des 3000 pompiers réfugiés en Allemagne et de l’impact positif qu’ils ont eu, qualifiant ces efforts d’intégration d’«importants et significatifs».

Les brigades de pompiers volontaires du pays, avec leurs 1,1 million de membres, sont profondément enracinées dans la société allemande, en particulier dans les campagnes. Elles sont capables de tisser des liens entre les nouveaux arrivants et les locaux contrairement à toute autre organisation; elles sont également un lieu d’apprentissage de l’allemand permettent d’établir des contacts qui peuvent aider les nouveaux arrivants à trouver du travail et à assurer leur indépendance financière.

Yousouf recevra son nouvel uniforme de pompier, un vêtement de protection solide, de couleur sable, avec des bandes réfléchissantes rouges adaptées à ses mensurations. Le pompier responsable de l’attribution des uniformes ajoute un casque et des bottes de sécurité à l’équipement de Yousouf – un investissement dans les membres de la brigade «qui ont fait leurs preuves», dit-il en souriant.