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swissinfo | Des étudiants suisses pour l’accès des réfugiés à l’université

Le manque d’informations et d’argent empêche les réfugiés qualifiés de poursuivre des études universitaires et d’entamer une carrière. C’est ce qu’affirme l’Union des étudiants de Suisse, qui a créé un nouveau portail d’information pour les étudiants réfugiés.

Article de Veronica DeVore, publié le 23 février 2018 sur swissinfo.ch. Cliquez ici pour lire l’article sur le site swissinfo.ch.

Omar Aljundi est arrivé en Suisse en 2013 en tant que réfugié fuyant la guerre en Syrie. Il était à mi-chemin de ses études en génie civil quand il a quitté son pays d’origine. Son souhait était de poursuivre ses études.

En Suisse, il a été placé dans le canton francophone de Neuchâtel où il a rapidement commencé à apprendre la langue locale. En même temps, il s’efforçait de réunir des informations sur toutes les conditions requises pour postuler à l’université et recommencer ses études sur le sol suisse – une quête qui a duré deux ans. Il ne savait souvent pas où se tourner et il a failli abandonner.

«Comprendre le fonctionnement du système réduit le temps qu’il faut pour se rendre quelque part. C’est motivant», relève Omar Aljundi.

C’est ce que l’Union des étudiants de Suisse a tenté de réaliser en créant la plateforme perspektiven-studium.ch. Un site pour l’heure uniquement en allemand et en anglais, en français dès que possible. Les réfugiés peuvent s’y renseigner sur les conditions d’admission, les finances, le système suisse de formation et les langues pour les 26 cantons du pays et leurs dizaines d’établissements d’enseignement supérieur. C’est le premier portail d’information de ce genre.

Jusqu’ à présent, l’aide aux réfugiés qui souhaitent étudier dans les universités suisses s’est concrétisée par des semestres d’essai, au cours desquels ils ont pu faire l’expérience temporaire des études en Suisse. Un réfugié zimbabwéen participant à un semestre d’essai à l’Université de Zurich a expliqué l’année dernière en quoi la vie étudiante dans son pays est très différente de celle de la Suisse.

Le mauvais canton rend le chemin plus difficile

«Nous avons constaté que les deux tiers des réfugiés qui souhaitent trouver des informations sur les études en Suisse ne peuvent le faire qu’avec de l’aide, déclare Martina von Arx, cheffe de projet de la plateforme. Ça peut être particulièrement difficile si vous êtes placé dans le mauvais canton.»

Le système d’asile de la Suisse répartit les demandeurs d’asile entre les 26 cantons du pays, qui ont tous des procédures légèrement différentes en matière d’enseignement des langues, d’aide sociale et d’accès à l’information. Une étude récente de l’EPFZ et de l’Université de Stanford a montré qu’en associant les réfugiés à l’emploi via un algorithme de données au lieu du système cantonal actuel, on pourrait faire passer leur taux d’emploi de 15% à 26% en l’espace de trois ans.

«Le fait d’employer davantage de réfugiés peut alléger la charge financière de la Confédération, des cantons et des communes», estime Dominik Hangartner, co-auteur de l’étude.

Évaluer le potentiel et le financer

La députée Rosmarie Quadranti, du parti démocrate-chrétien, estime également qu’il est possible de faire davantage pour assurer aux réfugiés l’accès au système d’éducation et au marché du travail:

«La Suisse offre beaucoup d’opportunités aux gens pour réaliser leur potentiel, mais nous rendons les choses plus difficiles [pour cette population].»

Rosemarie Quadranti a récemment présenté une motion demandant au gouvernement suisse d’évaluer les possibilités de formation et de carrière des demandeurs d’asile immédiatement après leur admission. Elle a également demandé au gouvernement d’accorder aux cantons un financement adéquat pour une telle initiative.

Le Conseil fédéral s’est dit d’accord avec ces idées. Mais il a finalement rejeté la motion, affirmant qu’il voulait attendre les résultats de la stratégie officielle d’intégration.

L’Union des étudiants de Suisse, soutenue par Quadranti et d’autres parlementaires, prévoit de faire avancer la question de l’éducation des réfugiés lors de la prochaine session parlementaire ce printemps, au cours de laquelle le Parlement doit donner son avis sur la motion.

«Il reste beaucoup de travail à faire», affirme Rosemarie Quadranti, faisant valoir que l’action gouvernementale a été «trop lente» jusqu’à présent.