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Horizons | Asile: le système influence les décisions

La destinée des demandeurs d’asile dépend de la culture des autorités.

Article de Astrid Tomczak-Plewka, publié dans la revue Horizons, le 8 mars 2018. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de la revue Horizons.

La plus grande partie des décisions d’asile négatives en Suisse sont motivées par le «manque de crédibilité» du requérant. Il faut cependant constater que la proportion des rejets justifiés ainsi reste constante au fil des ans, indépendamment de l’origine des demandeurs et du nombre de requêtes.

Une équipe de chercheurs conduite par l’anthropologue sociale Julia Eckert de l’Université de Berne a mis en évidence (v. ci-contre) que «l’habitus institutionnel» joue un rôle décisif dans cette procédure. «Il s’agit d’une certaine manière de penser, de sentir, de percevoir et d’agir que l’on acquiert par la socialisation au sein d’une institution», explique Laura Affolter, qui vient d’achever une thèse sur la question. Après deux ans de recherches menées au Secrétariat d’Etat aux migrations, elle a constaté qu’il y règne «un climat de suspicion. Une attitude critique à l’égard des requérants y est considérée comme plus professionnelle». Les collaborateurs font leurs certains modèles et objectifs opérationnels indépendamment de leurs valeurs personnelles. Ils utilisent ainsi dans les entretiens des techniques qui incitent les requérants à se contredire.

Laura Affolter estime que le rôle joué par la crédibilité dans la procédure s’explique principalement par la difficulté à recourir contre cet argument. En outre, «en remettant en question la crédibilité d’un requérant, on lui renvoie la responsabilité de la décision négative: c’est pratiquement de sa faute», dit la chercheuse. Le projet avait pour but de comprendre les processus de décision. Les chercheurs n’ont pas formulé de recommandations pratiques. «Nous sommes tout à fait disposés à discuter de nos résultats avec les autorités», déclare Julia Eckert.